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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, IX, xiii-xiv.

Nous disions (chap. x), que la cinquième paire de nerfs naissant des parties latérales de la tête (de l’encéphale) se jette sur les os pétreux (rocher), que, partagée en deux branches, elle pénètre [à travers le trou auditif interne] dans deux ouvertures inégales, que, par la plus large des deux (lamelle criblée, située au-dessous de l’orifice de l’aqueduc de Fallope) la plus grosse branche se porte droit aux oreilles (nerf auditif, ou portion molle de la 7e paire), que l’autre branche (facial, ou portion dure de la 7e paire), s’engageant dans le trou plus étroit nommé trou borgne, sort à travers un trou établi près des oreilles (trou stylomastoïd.), et que, dans tout ce trajet (aqueduc de Fallope) depuis son extrémité interne jusqu’à son extrémité externe, cette branche fait des détours variés comme dans un labyrinthe. La nature n’a donc pas en vain créé ce labyrinthe ; mais, dans sa sollicitude pour les muscles temporaux, elle leur a détaché un nerf dur (voy. p. 595), et n’a pas fait moins pour les mâchoires. Ayant en cette région un os oisif (rocher) non percé et aussi dur que possible, elle s’en est servie pour durcir le nerf. En conséquence, si, plus chacun des nerfs s’éloigne de son principe, plus il est possible de le rendre dur, on trouvera qu’elle a très-habilement ménagé à ce nerf son trajet par l’os pétreux, car la longueur du trajet et la sécheresse du lieu devaient aisément donner à ce nerf dureté et sécheresse. En effet, là où le nerf est humecté par un fluide abondant, la longueur du trajet ne lui est d’aucun avantage, mais s’il traverse une région sèche, privée d’humidité, alors il devient aisément sec et par là même dur. Il tire encore de la position opportune de cet os pétreux l’avantage de la sécurité. La nature semble donc avoir réuni en même temps tout ce qui était nécessaire au nerf, au moyen du seul parcours tortueux, sécurité, longueur du trajet, sécheresse de la région. Ainsi ce nerf donc, par sa plus grande partie, tire le muscle large des mâchoires (masséter) ; mais une petite portion vient en aide aux nerfs qui, de la troisième paire (branches temporales du trifacial), aboutissent aux muscles temporaux. Ce qui manque à ces nerfs moins durs qu’il ne convient, pour la vigueur du mouvement, est suppléé par cette branche, surtout chez les animaux pourvus de forts muscles temporaux.

Pourquoi donc la nature a-t-elle fait dériver la force de ces