Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T1-1854.djvu/627

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
595
DU CRÂNE, DE L’ENCÉPHALE ET DES NERFS CRÂNIENS.

beaucoup de trous. C’est donc avec raison qu’à l’endroit où commence la moelle épinière et où l’encéphale est le plus dur, elle a fait naître cette paire de nerfs, et que, la rendant plus dure dans son trajet, elle l’a, dans cet état, distribué sur toute la langue.

Ne passez pas avec négligence sur cette remarque même, que les nerfs se ramifient sur toutes les parties de la langue ; c’est une grande preuve de la vérité de mes assertions et qui démontre l’art suprême du Créateur. En effet, les nerfs sensitifs s’aplatissant dès leur naissance forment des plexus sur la tunique externe de la langue et n’ont aucun contact avec les muscles sous-jacents. Dans cette région, les nerfs moteurs de la septième paire (hypogl.) se partagent en rameaux nombreux, tapissent avec raison tous les muscles de la langue ; les nerfs sensitifs étaient, en effet, sans utilité dans la profondeur de la langue qui devait, par ses parties externes, être en contact avec les objets sapides ; et les nerfs moteurs n’avaient aucune utilité pour les parties externes, attendu qu’ils sont incapables, vu leur dureté, de discerner les qualités des saveurs. La nature n’a donc fait, sans but ni sans raison, aucune de ces choses. Elle a créé les nerfs moteurs de la langue plus ténus, et ceux des yeux plus épais, bien qu’ils meuvent des muscles plus petits. Les premiers trouvaient dans leur dureté une force suffisante ; mais si les derniers n’étaient aidés par leur volume, ils seraient complétement incapables de mouvoir à cause de leur mollesse.

Pour les muscles temporaux, les nerfs de la troisième paire (5e des modernes. — Voy. p. 594), qui arrivent à eux, seraient encore plus incapables de les mouvoir. En effet, ces muscles sont volumineux, occupent la plus grande partie de toute la mâchoire inférieure et s’y insèrent par des tendons considérables. La nature a donc détaché de la cinquième paire un troisième nerf dur de chaque côté de ceux-ci (branche temporo-faciale du nerf facial, ou portion dure de la 7e paire). Ainsi, l’utilité résultant pour les muscles des yeux du volume des nerfs, dérive de leur nombre pour les muscles temporaux. Le susdit nerf apparaît plus nettement chez les animaux qui ont un grand temporal. C’est le moment de dire d’où ce nerf dur arrive aux muscles temporaux, puisque nous avons maintenant exposé toutes les origines des prolongements de l’encéphale.