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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, IX, xiii.

par la grandeur ce qui leur manque à cause de la mollesse. Il en est de même des muscles temporaux. Sur chacun d’eux viennent s’insérer trois nerfs : deux de la troisième paire (5e des modernes : rameau temporal profond moyen, et n. auriculo-temp. et son anast. avec le facial, fournis par le maxillaire infér.), dont nous avons déjà parlé (chap. viii, p. 585 et 588), le troisième (rameaux temporaux du facial) plus dur, dont nous parlerons bientôt (p. 595-6). De sorte qu’ici la multitude des nerfs est pour ces muscles la source primitive de l’énergie dans les mouvements.

Les muscles des mâchoires, du nez et des lèvres reçoivent des prolongements de nerfs assez considérables et assez durs. En effet, comme ils traversent des os dans une grande partie de leur trajet, ces nerfs acquièrent leur dureté par la longueur du parcours, car le principe mou (c’est-à-dire l’encéphale) étant proche, la nature ne pouvait en tirer [immédiatement] un nerf dur ; néanmoins, en faisant avancer un nerf peu à peu par des détours, surtout quand elle lui fait traverser des os sur son passage, elle le rend dur par le temps qu’il met à faire ce long circuit. C’est ainsi que, pour la moelle épinière et pour l’encéphale mêmes, ce n’est pas brusquement, mais peu à peu, qu’elle les rend de plus en plus durs.

S’il en est ainsi, il est maintenant évident pour tous que les nerfs qui meuvent la langue (hypoglosses) ne pouvaient naître ailleurs d’une façon plus opportune, ni adopter une autre voie préférable à celle qu’ils suivent actuellement. En effet, à la partie antérieure, il ne restait plus de place libre, et c’est pour cette raison même que la nature a fait naître des parties postérieures la troisième et la quatrième paires (voy. p. 584 et 588). Elle ne pouvait donc, de ces mêmes régions, engendrer d’autres grands nerfs ; quand elle l’aurait pu, la place aurait manqué pour leur passage. En effet, si elle leur eût fait traverser la dure-mère en leur adjoignant les nerfs de la troisième (trifacial) et de la quatrième paires (voy. p. 588), ils auraient continué d’être aussi mous que ces derniers. Elle pouvait, d’un autre côté, les conduire à travers les os de la tête et les rendre assez durs en les menant par une telle voie, mais cela eût été inutile, puisqu’ils trouvent ailleurs une route plus commode ; en outre, il n’y avait plus de place dans le crâne au niveau de la racine de la langue, car il y avait déjà