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DU CRÂNE, DE L’ENCÉPHALE ET DES NERFS CRÂNIENS.

raison pour qu’il n’y ait pas de lacune dans notre discours (cf. IV, xiii, et V, x).

D’abord aucun des viscères n’est doué de mouvement volontaire ; ils n’ont besoin de nerfs qu’en vue de la sensation : il était donc mieux de leur envoyer des nerfs sensitifs. Ensuite leur substance étant d’une consistance molle, devait plus facilement s’unir avec des nerfs mous, et les recevoir de manière qu’ils en fussent entrelacés de tous côtés. En troisième lieu il fallait que l’estomac eût une sensation très-exacte du besoin d’aliments solides et liquides. La plus grande partie des nerfs de ce viscère nous paraît donc se distribuer surtout à l’extrémité supérieure dite orifice, puis en continuant, dans toutes les parties, jusqu’au fond (voy. aussi IV, vii, p. 287-8). Une fois les nerfs descendus de l’encéphale en vue de l’estomac, il était préférable encore qu’ils se distribuassent dans toutes les autres parties de cette région, lors même qu’il ne devait pas en résulter pour elles une grande utilité. En effet l’estomac avait absolument besoin d’une faculté appétente des aliments et des boissons, faculté que devait nécessairement régir une certaine puissance de sensation des besoins.

Quelques médecins veulent que les parties attenantes à l’estomac éprouvent une sensation aussi précise, et prétendent en conséquence que l’appétence n’est pas moindre en elles que dans l’estomac (voy. aussi IV, vii, p. 287-8). Quant à moi il me semble que la sensation est faible dans ces parties, mais puissante dans l’estomac et à l’orifice même où paraît aboutir la plus grande partie des nerfs. Aussi cette partie de l’estomac est la plus sensible, et les personnes en proie à une faim violente sentent surtout en cet endroit des contractions et comme des tiraillements et des mordications ; mais elle ne serait pas sensible à ce point si elle ne recevait des nerfs mous. Il est donc évident d’après ces observations que toutes les autres parties du canal intestinal, et surtout l’estomac même ont besoin de nerfs de l’encéphale. On peut voir par les dissections avec quel soin de leur sûreté la nature a opéré la descente de ces nerfs, prévoyant qu’ils seraient exposés aux lésions attendu leur mollesse et la longueur de leur trajet. Revêtant donc ces nerfs de fortes membranes, elle les rattache aux corps voisins toutes les fois qu’elle en rencontre sur leur chemin.

Parfois la jonction est un avantage considérable pour ces nerfs