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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, IX, viii.

que je le montrerai dans la suite du discours (voy. chap xvi) ; le Créateur, en ajoutant un quatrième trou à ceux-ci, eût été coupable de négligence envers ces os, qu’il aurait alors mal garantis contre les lésions. En effet, plus on eût augmenté le nombre de trous rapprochés les uns des autres, plus les parties intermédiaires de l’os eussent été, par leur ténuité, exposées aux lésions.

Aussi, d’après ces calculs, le Créateur s’est gardé de percer l’os en un quatrième point ; mais se bornant à choisir entre les trois qui existaient déjà, il a adopté le chemin où passent les nerfs qui résistent le mieux aux lésions, et il l’a fait traverser par ceux de la mâchoire supérieure. Les nerfs optiques, en effet, non-seulement sont beaucoup plus mous que les nerfs moteurs, mais encore beaucoup plus importants. Aussi c’est pour eux que tout l’œil a été fait, et toute l’essence de la vision réside en eux ; de plus encore les trous par lesquels ils passent ne sont pas plus grands que ces nerfs eux-mêmes. La nature a donc avec raison renoncé à accoler les nerfs de la mâchoire aux nerfs optiques, attendu que ces derniers passent par des trous (trous optiques) qui sont déjà grands [et qu’il ne fallait pas élargir encore], et qu’ils sont eux-mêmes beaucoup plus importants et plus mous que les nerfs de la mâchoire ; elle a donc fait passer les nerfs de la mâchoire supérieure en compagnie de nerfs à la fois plus durs, moins importants et pénétrant par des trous plus étroits (voy. p. 583, chap. viii, l. 8), sachant qu’ils ne seraient pas incommodés par le voisinage d’autres nerfs et que la grandeur de ce trou ne dépasserait pas celle du trou des nerfs optiques. En effet, ce trou est allongé et n’est pas exactement rond comme l’autre. On croirait peut-être que son périmètre est plus étendu que celui du trou des nerfs optiques, mais en le comparant dans son ensemble avec l’ensemble de ce dernier, on ne le trouverait guère plus grand. Ce trou devait nécessairement être allongé et non pas arrondi comme celui des nerfs sensitifs parce qu’il devait contenir deux nerfs disposés l’un à côté de l’autre, et non pas un seul. Chacun d’eux, il est vrai, est multiple ; nous traiterons bientôt plus en détail de la nature de tous ces nerfs (voy. chap. XI, p. 592).

Présentement rien n’empêche, pour éclaircir l’explication, de dire qu’un nerf se distribue dans les muscles des yeux, qu’un autre allant à la mâchoire supérieure, sortant du trou [commun]