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DES ORGANES DE LA VOIX.

cun support, tomberaient sur le poumon et le cœur. Pour qu’il existe donc une cavité intérieurement, et en même temps pour que tout l’organe soit mis en mouvement, les os et les muscles ont été disposés alternativement. Cette disposition importait fort à la sûreté du cœur et du poumon. Car, ces deux viscères sont protégés bien plus que s’il existait seulement des muscles. Si chaque os, loin d’être oisif, est pourvu, de chaque côté, d’une articulation, pour qu’au moyen de celle-ci, le mouvement se communique à tout le thorax, n’est-ce pas une preuve de prévoyance ?

Mais dira-t-on peut-être : pourquoi le ventre présente-t-il une structure moins bonne ? Enveloppé par le thorax comme est le cœur, la dilatation et la contraction seraient certainement tout aussi bien conservées, et la sécurité eût été augmentée. Celui qui soulève cette question doit apprendre, qu’il serait impossible au ventre de se dilater et de se contracter assez s’il avait une enveloppe osseuse. Dans cette condition d’abord, il eût été impossible que le fruit de la conception se développât ; ensuite on n’aurait pu en une seule fois manger assez pour se rassasier, on aurait eu continuellement besoin de manger comme on a continuellement besoin de respirer. Un besoin continuel de respirer n’a pas d’inconvénient chez un animal vivant dans l’air ; mais, si nous avions un égal besoin d’aliments, notre vie, étrangère à la culture de la philosophie et des Muses (cf. p. 326, 330 et 332), n’aurait pas de loisir pour les plus nobles distractions. En outre, le service que rend la respiration est naturellement restreint dans sa durée ; au contraire, une fois que nous avons mangé et bu suffisamment, nous passons sans besoin nouveau tout le jour et la nuit[1], en quoi la nature mérite encore nos éloges. Ces observations me paraissent suffire à présent pour l’exposition des parties du thorax. Si quelque question peu importante a été omise, on en trouvera aisément l’explication en lisant avec attention le traité Sur la respiration[2].

  1. Voy., sur les intervalles que les anciens laissaient entre leurs repas, Hoffmann, l. l., p. 156.
  2. Voy. p. 513, note 1.