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DES ORGANES DE LA VOIX.

artère, coule dans l’œsophage. Ils attribuent cette action au mouvement des muscles situés à la racine de la langue et pensent que ces muscles ramènent le larynx vers l’épiglotte. Mais, puisque le larynx est si étroitement fermé [pendant la déglutition] que l’air même violemment expulsé par le thorax ne saurait l’ouvrir, il n’y avait pas lieu de chercher ailleurs comment le liquide ne descend pas dans le poumon. Toutefois il eût été plus naturel, en voyant l’orifice du larynx pourvu d’une cavité (vestibule du larynx) nécessaire à cause de la forme et de l’utilité de la glotte[1], comme nous l’avons montré dans notre traité Sur la voix (voy. aussi chap. xiii), de supposer d’abord qu’au moment où s’accomplit la déglutition, les aliments solides et liquides s’accumuleront en cet endroit, de telle sorte que le larynx, s’ouvrant ensuite dans le temps où l’on respire, non-seulement les liquides, mais les solides devaient être précipités à l’instant dans le canal aérien, et de penser ensuite que c’est pour cela que la nature, dans sa prévoyance, a placé au-devant l’orifice du larynx, et pour servir d’opercule, l’épiglotte, laquelle se tient droite pendant tout le temps que respirent les animaux, et s’abaisse sur le larynx dans tout acte de déglutition. L’objet avalé tombant d’abord sur la racine, puis descendant sur la face postérieure de l’épiglotte, l’oblige à s’incliner et à retomber, car elle est d’une substance cartilagineuse et très-mince[2]. (Voy. IV, viii, p. 292.)

Si vous considérez attentivement toute la structure de l’épiglotte, je suis certain qu’elle vous paraîtra admirable. En effet, elle est arrondie, cartilagineuse, un peu plus grande que l’orifice du larynx ; elle est tournée du côté de l’œsophage, et située à l’opposite du troisième cartilage dit aryténoïde. Il est évident qu’elle n’aurait pas cette situation si elle ne prenait son origine du côté opposé. De plus, si elle n’était pas cartilagineuse, elle ne s’ouvrirait pas pendant l’inspiration, et ne serait pas déprimée par les ali-

  1. Le texte imprimé, et les traducteurs latins ont suivi ce texte, porte ἐπιγλωττίδος ; mais c’est là une faute évidente que le manuscrit 2154 n’a pas et que Daleschamps avait évitée dans sa traduction française.
  2. « Cartilago quæ a radice linguae exoritur, quam etiam epiglottida, quasi superlingulam dixeris appellant, ipsius bronchi non est propria. Est vero aliquid linguæ subjectum quod et facile flecti potest. » Vocal, instrum. anatom., cap. iv, fine.