Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T1-1854.djvu/449

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
417
DES ORGANES RESPIRATOIRES.

constituées que si elles se tendent et se dressent à la fois, elles bouchent tout l’orifice. Il y a pour toutes une utilité commune, qui consiste à s’opposer au retour des matières, et pour chacune une utilité spéciale : les unes font sortir les matières du cœur de manière à ce qu’elles n’y rentrent pas, les autres les y introduisent de façon qu’elles n’en puissent sortir. La nature ne voulait pas imposer au cœur un travail inutile, en le condamnant à envoyer le sang à une partie d’où il était préférable pour lui de le tirer, et au contraire à le tirer souvent d’un endroit où il fallait l’envoyer.

Il existe en tout quatre ouvertures, deux à chaque cavité (ventricules), l’une pour introduire (orifices auriculo-ventric.), l’autre pour expulser (orifices ventriculo-vasculaires)[1]. Nous en parlerons un peu plus loin (chap. xiv), quand nous exposerons toutes les parties du cœur, leur nature, celle des membranes, leur nombre, leur forme, quand nous montrerons qu’elles ne devaient être ni plus, ni moins nombreuses, ni plus grandes, ni plus petites, ni plus épaisses, ni plus minces, ni plus fortes, ni plus faibles. Jusqu’ici nous avons prouvé seulement que ces membranes (de l’art. pulm.) sont d’une utilité indispensable, qu’elles ne pouvaient pas naître de la veine cave, mais du cœur, comme cela est effectivement.

  1. Cette phrase est une nouvelle preuve que, pour Galien, le cœur est essentiellement constitué par les ventricules. Ce sont les ventricules qu’il appelle le corps, la substance du cœur (τὸ σῶμα τῆς καρδίας) dans le Manuel des dissections (VII, ix, medio). Dans le chapitre xi du même livre, il dit que si, avec Hérophile, on considère les oreillettes comme faisant partie du cœur, on comptera un plus grand nombre d’orifices, c’est-à-dire six au lieu de quatre. On voit aussi qu’Érasistrate était du même avis que Galien ; ce dernier renvoie, du reste, pour plus de détails sur cette question à son traité Περὶ τῆς ἀνατομικῆς διαφωνίας (De dissent. anatomica en deux livres) que nous avons perdu (voy. plus bas, note 1, p. 419). Galien (considérant l’oreillette gauche comme faisant partie des veines pulmonaires) ajoute enfin que l’artère veineuse (veine pulmonaire) ne reste pas longtemps un tronc unique, mais qu’elle se divise en quatre branches qui vont se ramifier dans les lobes du poumon. Ici donc, car il n’en est pas toujours ainsi, Galien fait partir ce vaisseau, non du poumon pour arriver au cœur, mais du cœur pour arriver au poumon, cependant il sait très-bien que les matières marchent dans un sens inverse. J’ai fait la même remarque pour la veine porte (voy. IV, v, note l de la p. 284). Du reste il n’est pas encore bien sur que le sens même du courant réponde à celui de la génération des vaisseaux.