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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, VI, x.

Mais pourquoi dans le poumon n’a-t-il pas donné à la veine une enveloppe mince et à l’artère une tunique épaisse ? Là aussi, comme partout, le pneuma est rare, léger, et a besoin d’être enveloppé ; le sang est, au contraire, épais, lourd et doit être distribué dans toutes les parties du poumon qui réclament une nourriture plus abondante que les autres parties de l’animal, vu l’agitation incessante de ce viscère et l’excessive chaleur que communiquent au poumon le voisinage du cœur et son propre mouvement qui est continuel. Vous admirez sans doute, je pense, la prévoyance de l’artiste. Comment ne serait-ce pas, en effet, la preuve manifeste d’une admirable prévoyance que d’avoir donné au poumon une structure différente de celle de toutes les autres parties, puisque seul il était entouré de tous côtés par le thorax, organe si résistant, et mû si fortement ? Dans notre traité Sur le mouvement du thorax (voy. p. 385), nous avons établi que, privé d’un mouvement propre, le poumon était toujours mû par le thorax[1] ; que ce dernier se contractant, le poumon se contractait par suite de la compression générale, comme il arrive dans l’expiration et dans l’émission de la voix ; que le thorax se dilatant, le poumon suivait ce mouvement et se dilatait en tous sens ainsi que le thorax au moment de l’inspiration. Mais ni dans l’inspiration, ni dans l’expiration les veines ne devaient se dilater à l’égal des artères parce que la même fonction ne leur est pas confiée. Ces dernières creusées par la nature pour recevoir le pneuma, avaient besoin dans l’inspiration de se remplir aisément, et de se vider promptement dans l’expiration et dans la formation de la voix. Quant aux veines établies comme réservoirs de l’aliment, elles n’ont besoin ni de se dilater dans l’inspiration, ni de se contracter dans l’expiration. Il était donc bon de donner une substance (σῶμα) molle aux unes (v. pulmonaires), dure aux autres (art. pulmon.), s’il était préférable que les unes obéissent promptement à la double action du thorax, et que les autres ne s’y conformassent pas.

Si nous avons ailleurs (Facultés nat., I, xi et III, xv) démontré convenablement que les corps se nourrissent du sang qu’ils attirent

  1. Dans la Dissertation sur la physiologie, j’expose la théorie de Galien sur les mouvements du thorax et du poumon, et je la compare aux théories actuelles. Nous n’avons plus qu’un fragment du Traité sur le mouvement du thorax.