répartit entre tous avec une suprême équité. Nous dirons aussi avec quelle prévoyance elle établit entre eux des rapports, unissant les uns, accolant les autres, entourant ceux-ci, enveloppant ceux-là, imaginant tout ce qui importe à leur sécurité : voilà tout ce que nous allons exposer, en commençant aussitôt par le cœur.
Que le cœur doive être établi au centre du thorax, environné du poumon qui l’embrasse avec ses lobes comme avec des doigts (cf. IV, viii, p. 293 et note 1) ; que tous deux doivent être enveloppés extérieurement par le thorax : c’est un point éclairci par nos explications antérieures (chap. ii).
Pourquoi le cœur, au lieu d’être exactement sphérique, commence-t-il par être large et sphéroïdal à partir de la base, qu’on nomme tête (base du cœur), et ensuite s’amoindrit-il graduellement en forme de cône, se rétrécissant et s’effilant vers son extrémité inférieure (pointe)[1] ? C’est ce que nous n’avons pas encore examiné précédemment, et c’est surtout par là qu’il nous faut entamer notre exposition.
Toutes les parties du cœur ne réclamaient pas la même sécurité, parce que toutes ne remplissent pas la même fonction. Les parties supérieures, vers la base, sont consacrées à la génération des vaisseaux ; de ce point jusqu’à l’extrémité inférieure, les parties latérales doivent, de chaque côté, donner naissance aux ventricules ; l’extrémité inférieure (pointe) représente un prolongement épais et solide qui sert en même temps de couvercle aux ventricules et de rempart à tout le cœur, et qui, dans les secousses un peu fortes, d’où peut résulter une impulsion violente contre les os antérieurs du thorax (sternum), l’empêche d’être entravé et fatigué. dans son action d’une manière quelconque, et par conséquent lui
- ↑ « Quand le cœur est mis à nu, Manuel des dissect. (VII, xi initio) vous verrez que le ventricule gauche descend jusqu’au sommet du cœur, mais que le droit finit beaucoup plus tôt et qu’il a souvent une circonspection propre, plus chez les grands animaux, bien qu’on le remarque aussi chez les petits. Quelqu’un sacrifiant un jour un coq aux Dieux, trouvant que le cœur avait deux sommets, et croyant que c’était là un augure, interrogeait à ce sujet les interprètes. Quant à moi je reconnus bien qu’il n’y avait pas deux cœurs, mais que le sommet du ventricule droit avait une circonscription propre, car chez tout animal, grand ou petit, qui respire dans l’air, le cœur a une structure semblable, ou plutôt une structure qui est la même quant à la forme. »