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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, V, ix-x.

sentir, ainsi que la partie interne des mains et l’orifice [cardiaque] de l’estomac ; car ces organes sont aussi en quelque sorte des organes de perception. En effet, les mains sont douées d’une sensibilité tactile supérieure à celle de toutes les autres parties, si nombreuses d’ailleurs, qui possèdent cette faculté. L’orifice de l’estomac a le sentiment du besoin des aliments dont l’animal se nourrit, sentiment que nous appelons faim. Dans toutes ces parties, en tant que douées de sensibilité, on trouve de grands nerfs ; en second lieu, les organes du mouvement volontaire, c’est-à-dire les muscles, attendu qu’ils sont destinés à mouvoir les parties du corps, reçoivent aussi de très-grands nerfs ; et comme nécessairement la sensibilité est inhérente à tout nerf[1], il en est résulté pour ces nerfs une puissance de sensibilité tactile pour reconnaître les corps sensibles, plus grande qu’ils n’en avaient besoin pour eux-mêmes. Le troisième but de la nature dans la distribution des nerfs, est la perception de ce qui peut nuire. Considérant dans les dissections comment s’opère la distribution des nerfs, et recherchant si la nature a eu tort ou raison de distribuer, non pas des nerfs égaux à toutes les parties, mais de plus grands à celles-ci, de moindres à celles-là, vous répéterez, même malgré vous, avec Hippocrate et dans les mêmes termes que lui (Cf. I, xxii, p. 163) : Que la nature se montre pour les animaux pleine de savoir, de justice, d’habileté et de prévoyance.

En effet, si l’office de la justice est d’examiner avec soin et d’attribuer à chacun selon son mérite, comment la nature ne serait-elle pas supérieure à tout en équité ? N’a-t-elle pas comparé entre eux tous les organes de même espèce, les organes de sensation avec les organes de sensation, les muscles avec les muscles, pesant d’abord le volume des corps, la suprématie des fonctions, l’énergie ou la faiblesse des mouvements, et aussi la continuité ou la discontinuité de leur action, mesurant les besoins de l’une et de l’autre série d’organes, enfin appréciant exactement l’importance de chaque partie, avant d’attribuer à l’une un grand nerf, à l’autre un nerf moindre, à chacune celui que prescrivait l’équité ? La suite du traité (cf. XVI, i) vous instruira de tous ces faits.

  1. Voy. pour cette proposition la Dissert. sur la physiologie.