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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, V, vi.

que nous avons démontré à leur sujet ; car s’ils purifient le sang en le débarrassant de son sérum, il est évident que s’ils eussent été placés sur la même ligne, chacun eût empêché l’attraction exercée par l’autre en agissant dans un sens opposé[1]. Avec leur situation actuelle, chacun exerce seul sans empêchement son action attractive, ne trouvant aucun rival établi en face de lui. Mais pourquoi le rein droit est-il placé en haut et le premier, tandis que le rein gauche est en bas et le second ? Parce que le viscère purifié (le foie) était situé à droite, et qu’un grand nombre de branches de la veine cave (veines hépatiques) venaient s’ouvrir au côté droit, amenant dans cette veine le sang des parties convexes du foie[2] ; or tout corps doué de force attractive exerce mieux cette action en ligne directe.

Nous avons montré précédemment (IV, iv, vii, p. 288 ; cf. aussi xvi) qu’il valait mieux pour la rate être rapprochée de la partie inférieure de l’estomac, et pour le foie, de la partie supérieure. La place n’était donc pas aussi libre à gauche qu’à droite, en sorte qu’autant le foie est plus élevé que la rate, autant il était raisonnable que le rein droit fût établi plus haut que le rein gauche[3].

    (VI, xiii) que l’observation de Galien sur la fonction du rein droit chez les animaux [mammifères] est parfaitement fondée.

  1. Galien semble ici comparer très-improprement l’urine à un corps solide qui, sollicité par deux forces égales, mais agissant en sens opposé, reste immobile.
  2. Galien a voulu dire que les veines qui versent le sang du foie dans la veine cave étant situées à droite, le rein droit (celui qu’il a surtout en vue dans ces considérations) devait être placé plus près du foie, afin que la séparation du sérum fût ainsi plus directe, et par cela même plus facile. — Voy. aussi Oribase, Coll. méd., VII, xxiii, t. II, p. 80, l. 8-9, et note corresp. Mais il est inutile de s’arrêter plus longtemps sur de pareilles théories, ou plutôt sur de pareilles rêveries ; assez de questions curieuses et intéressantes réclament notre temps.
  3. Voilà la vraie raison de la situation du rein droit, c’est la situation même du foie. Mais dans Galien cette raison n’est que secondaire ; elle est la conséquence, d’une part, de vues purement théoriques sur la position respective du foie et de la rate par rapport à l’estomac et à la veine cave, et, de l’autre, de l’antagonisme qu’il supposait devoir exister entre les deux reins, s’ils eussent été placés sur la même ligne (voy. note 1). — On remarquera aussi que Galien tout en se montrant, dans le livre précédent (chap. xv, init.), si vif contre Érasistrate qui avait osé regarder la rate comme n’étant qu’un organe d’équilibre et de symétrie, est bien près de considérer le rein gauche de la même façon. Toutefois, il y a entre Galien et Érasistrate cette différence capitale que pour le premier la symétrie,