Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T1-1854.djvu/364

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
332
UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, IV, xviii.



Chapitre xix. — Par la création des sphincters de l’anus et du col de la vessie, la nature a empêché la défécation et la miction involontaires. — Des artifices dont la nature a usé pour la nutrition des intestins et de l’estomac.


Toutes ces dispositions de la nature sont admirables. Ajoutez encore qu’à la double issue des excréments sont établis, comme une barrière, des muscles qui en préviennent l’expulsion continuelle ou intempestive. En effet, ce qu’on appelle le col de la vessie est musculeux ; et l’extrémité inférieure du rectum (ἀπευθυσμένου τὸ κάτω πέρας) est resserrée par des muscles circulaires. De là, je crois, lui vient pour quelques-uns le nom de sphincter[1]. Car tous les muscles qui sont les instruments du mouvement volontaire, ne permettent aux excréments de sortir qu’après en avoir reçu l’ordre de la raison ; ces sphincters sont les seuls instruments psychiques (organe de la volonté) qu’on trouve sur un si long trajet d’organes physiques (organes du mouvement involontaire, ou de la vie animale), placés aux deux ouvertures destinées à l’évacuation des excréments. Ceux dont les muscles sont paralysés ou gravement affectés de quelque autre façon laissent involontairement échapper leurs excréments, ce qui montre évidemment à quel point la vie eût été honteuse et étrangère aux muses (cf. p. 326 et 330), si dès le principe la nature n’eût pas imaginé quelque chose de mieux.

Les dispositions qu’elle a prises d’avance à cet égard sont admirables comme aussi par rapport à l’estomac et aux intestins qui, non-seulement concourent à nourrir les autres parties du corps, mais encore travaillent à leur propre nutrition ; là aussi la nature n’est restée ni oisive, ni dépourvue d’invention. D’abord elle a créé dans tout le mésentère des veines particulières (lymphatiques) destinées à porter la nourriture dans les intestins et qui ne vont pas au foie. Car, ainsi que le disait Hérophile, ces veines aboutissent à

  1. Voy. la Dissertation précitée sur la détermination des muscles qui entourent le rectum et sur tous ceux qui sont destinés médiatement ou immédiatement, soit à retenir, soit à expulser les excréments. — Cf. V, xiv, et Manuel des dissect., VI, xiv. — Il semble, d’après le passage qui nous occupe, que ce n’était pas au muscle lui-même, mais à l’extrémité du rectum que Galien donnait le nom de sphincter : καὶ δὴ τοὔνομα αὐτῷ σφιγκτῆρα διὰ τοῦτο [τὸ ὑπὸ μυῶν ἐν κύκλῳ περικειμένων σφίγγεσθαι] οἱ τεθεικέναι τινάς. — Cf. du reste la Dissertation sur les termes anatomiques.