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DES ORGANES ALIMENTAIRES.

sure faite à la veine en cet endroit devait réagir sur toutes les veines de l’animal, comme souffrirait un arbre entier s’il était frappé à la souche ; une mort rapide suit en effet la blessure ou le déchirement de cette veine. Aussi, quand le poëte[1] dépeint le très-sage Ulysse méditant et préparant le meurtre du cyclope si supérieur à lui par la taille, dans quelle partie du corps le montre-t-il disposé à plonger son épée, sinon à l’endroit où le diaphragme retient le foie ? Et il l’eût fait ainsi, ajoute Homère, s’il eût espéré pouvoir, après la mort du cyclope, écarter de ses mains le rocher énorme qui obstruait la porte. Il ne doutait pas, tant était grande sa certitude du danger que présentait une blessure dans cette région, que le cyclope n’y survivrait pas un instant.

Pour le grand et dur ligament qui enveloppe la veine cave, la nature a établi à la partie postérieure la paroi la plus mince, et la paroi la plus épaisse à la partie antérieure[2], afin d’écarter d’elle la facilité d’être lésée, non-seulement par une cause qui est du fait des animaux eux-mêmes, mais aussi par une cause externe. Tous les accidents résultant pour la veine mal attachée, de course ou de sauts trop violents, sont du fait de l’animal. Les autres accidents qui viennent de corps dont le choc brise ou blesse, ont une cause externe (voy. chap. xx, p. 334). Donc, la paroi antérieure étant seule exposée à souffrir d’une telle rencontre, l’en-

  1. Τὸν μὲν ἐγὼ βούλευσα κατὰ μεγαλήτορα θυμὸν,
    Ἄσσον ἰὼν, ξίφος ὀξὺ ἐρυσσάμενος παρὰ μηροῦ,
    Οὐτάμεναι πρὸς στῆθος, ὅθι φρένες ἧπαρ ἔχουσι,
    Χεῖρ᾽ ἐπιμασσάμενος.

    (Odyssée, IX, 299-302.)

    Il ne paraît pas certain, quoi qu’en dise Galien, qu’Homère ait eu en vue l’ouverture de la veine cave ; ses expressions sont si vagues qu’on peut seulement en conclure qu’il se figurait une blessure intéressant à la fois les organes contenus dans la poitrine, et quelques-uns des viscères les plus importants de l’abdomen.

  2. D’une part le péritoine remonte sur la veine jusqu’au point où elle rencontre le diaphragme ; d’une autre part la portion aponévrotique de ce muscle que traverse la veine cave lui envoie des deux côtés des prolongements fibreux. De plus, cette veine est maintenue dans la gouttière du foie par des faisceaux fibreux ou par la substance même du foie qui convertissent cette gouttière en canal. Dans la Dissertation sur l’anatomie, je tâche de déterminer lequel de ces moyens Galien a décrit.