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DES ORGANES ALIMENTAIRES.

ments, il convenait que les tuniques ne fussent percées que d’un très-petit nombre de veines pour absorber ce qui pouvait déjà servir à l’animal ; tandis que les aliments complètement élaborés exigent la plus prompte distribution. Le conduit des aliments (œsophage) ne réclamait que les veines indispensables à sa propre nourriture. C’est donc avec raison que très-peu de veines lui sont attribuées en partage ; l’estomac (κοιλία) en a une quantité moyenne, et l’intestin en est abondamment pourvu.

Mais pourquoi l’estomac est-il entouré par le foie ? Est-ce pour être échauffé par lui, et pour que lui-même échauffe les aliments ? C’est, en effet, pour cela que le foie avec ses lobes, comme avec des doigts, embrasse exactement l’estomac[1]. Le nombre de ces

  1. Chez l’homme le foie n’est formé que d’un grand lobe et d’un rudiment de lobule appelé lobe de Spigel. Chez les orangs, et surtout chez le chimpansé, cet organe est très-semblable à celui de l’homme ; mais quand on arrive aux magots, on trouve bien évidemment le foie divisé en plusieurs lobes, ainsi que je m’en suis assuré sur plusieurs exemplaires. Voici, du reste, la description donnée par Cuvier (l. l., p. 438) : « Dans le magot, le lobe principal est partagé par une scissure peu profonde, pour le ligament ombilical, en deux portions inégales, dont la droite est de beaucoup la plus grande ; c’est derrière elle que la vésicule est incrustée (Cuvier et M. Duvernoy ont noté que la vésicule, quand elle existe et qu’elle est attachée au foie, se trouve toujours sur le lobe principal. Galien avait fait aussi cette importante remarque ; voy. p. 305, note 2, init.) — Les lobes latéraux, presque entièrement séparés du lobe principal, sont évidemment surajoutés à ce viscère, ainsi que les lobules, si on le compare à celui de l’homme et des orangs (Cuvier et M. Duvernoy, parlant du foie de l’homme comme type, ou plutôt comme norme, ne reconnaissent chez les animaux que des lobes ou lobules accessoires au lobe principal et au lobule de Spigel ; voy. p. 431-434) ; ils sont grands, le gauche plus que le droit, celui-là de forme semi-lunaire. Le lobule droit est petit, étroit, mais long, prismatique, situé sur la base du lobe de ce nom, comme son appendice ; il n’y est attaché que par un pédicule très-étroit ; le lobe gauche est plus petit, attaché à l’extrême base du lobe principal. Sur deux magots je l’ai trouvé sous-divisé à droite en un petit lobule qui est fixé sur le sein droit par un repli du péritoine, ligament hépalo-rénal. Au-dessous du lobe gauche accessoire se voient les principaux vaisseaux du foie qui sont placés comme dans une sorte d’enfoncement ou sillon transversal, analogue à celui de l’homme. » — Ces remarques suffisent pour établir que Galien a décrit des foies de singe ou d’autres animaux, et non pas des foies d’homme. Voyez, du reste, sur la controverse relative aux lobes du foie et à leur usage, Hoffmann (l. l., p. 65) et la Dissertation sur l’anatomie de Galien ; on trouvera aussi dans cette Dissertation des extraits du chap. viii du livre VI du Manuel des dissections, surtout pour ce qui concerne les notions d’Hérophile, sur le foie.