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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, III, xvi.

qui consiste à croiser les jambes[1] en portant le pied vers la racine de l’autre membre. — Outre tous ces muscles, il y a encore le petit muscle, situé au jarret (poplité), et qui est fléchisseur du genou[2]. Ici encore la nature a disposé avec une prévoyance si admirable le nombre, la grandeur, la place et l’insertion des muscles, qu’avec une pareille conformation, rien ne manque plus au mouvement du genou, et que si une seule de ces dispositions venait à être changée, un des mouvements serait gêné ou complétement détruit.

Les trois grands muscles qui sont à la fois extenseurs de la jambe, constricteurs et releveurs de la rotule (triceps), fourniront, je pense, pour qui se souviendra de mes paroles, un exemple assez frappant d’une prévoyance infinie ; c’est, en effet, dans ces muscles que devait résider presque toute la puissance des mouvements du genou (voy. XV, viii). Toute la jambe doit déployer sa force et se tendre exactement lorsque, dans la marche, l’une des jambes élevée se porte en avant, tandis que tout le poids du corps repose sur l’autre qui reste appuyée et fixée sur le sol. Pour cela nous avons besoin que les muscles extenseurs du genou, au nombre de trois, comme nous l’avons dit, agissent et se tendent exactement ; car la flexion de l’articulation du genou est produite par les muscles postérieurs, et l’extension par les muscles antérieurs. Si donc quand notre jambe doit être le plus tendue possible, nous confions à ces trois muscles seuls le soin de maintenir le genou exactement droit, de tirer, de ramener en arrière et de comprimer la rotule afin que par elle la position verticale des muscles soit conservée, il est évident qu’en eux réside la puissance d’action des jambes[3]. Leur faculté d’imprimer des mouvements obliques est en effet une faculté surajoutée ; car,

  1. Le texte vulg. et le ms. 2148 porte : μαλάττοντες ; mais conformément au passage parallèle du Manuel des dissections (II, iv), il faut μεταλάττοντες. — Voy. aussi Dietz, in libr. De dissect. muscul., p. 87.
  2. On verra dans la Dissertation précitée que Galien s’attribue la découverte de ce muscle.
  3. Galien, à propos des muscles du membre thoracique (voy. p. ex. I, xvii, p. 145), a remarqué que la force des fléchisseurs l’emporte sur celle des extenseurs ; c’est le contraire pour les muscles du membre abdominal, où les extenseurs ont une prédominance marquée, plus encore peut-être chez l’homme que chez les singes. Voy. aussi Vrolik (Anat. du chimpansé, p. 38), et le paragraphe suivant.