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DU BRAS.

ainsi un mouvement considérable de tout le membre, de façon à porter les doigts sur l’épaule, il n’est ni étonnant ni impossible qu’en mettant un os en mouvement, il entraîne aussi l’autre, d’autant plus qu’une partie de son tendon s’insère sur les ligaments communs au cubitus et au radius. Ces dispositions ont été prises avec beaucoup d’artifice par la nature, et les deux muscles ont été faits avec raison, l’un petit et l’autre grand. J’ai déjà dit souvent (cf. I, xvii) que pour les bras les mouvements en dedans l’ emportent sur les autres ; puis donc que chacun des deux muscles écarte l’avant-bras de la parfaite ligne droite, il était naturel que le muscle placé en dedans (biceps) fût plus fort que celui qui est placé en dehors (brachial ant.). Il était naturel aussi que les muscles (triceps) qui leur sont opposés fussent, eu égard au volume, dans un rapport direct avec chacun d’eux ; car si la nature eût opposé au plus grand des muscles internes le plus petit des muscles externes, et au plus petit des internes le plus grand des externes, elle eût été à bon droit accusée d’impéritie. Mais ni dans cette partie, ni dans aucune autre elle n’a commis une pareille méprise.

Si jamais un créateur a fait preuve d’une grande prévoyance pour ce qui regarde l’égalité et la proportionnalité, la nature a aussi donné cette preuve dans la formation du corps des animaux, d’où Hippocrate lui décerne avec raison le nom de juste[1]. En effet, comment n’est-il pas juste aussi que les muscles du bras soient plus longs que ceux de l’avant-bras[2] ; les premiers meuvent l’avant-bras, et les seconds le carpe et les doigts, en sorte qu’il y a, eu égard à la grandeur, une égale proportion entre les parties qui doivent être mues et les muscles qui les meuvent. Il devait exister nécessairement une analogie entre les muscles et le volume des os qu’ils doivent mettre en mouvement, de telle sorte que le bras est plus grand que l’avant-bras pour la même raison que la cuisse est plus grande que la jambe. Si outre qu’ils sont volumineux, les os avaient été sans cavités, sans moelle, durs et denses, les membres eussent eu un poids énorme. Aussi les grands os sont-ils

  1. Voy. I, xxii, p. 163, note 1.
  2. Il est vrai, ainsi que Galien le dit plus bas, que l’os du bras est plus long que ceux de l’avant-bras, mais quelques-uns des muscles de l’avant-bras, sans même tenir compte des tendons, sont plus longs que les plus grands muscles du bras.