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DE LA MAIN.

riété de la préhension ; la sûreté de sustentation exigeait que tous les doigts fussent placés sur le même rang ; l’aptitude à revêtir des formes diverses pour la préhension réclamait l’opposition du pouce avec les autres doigts. Si le pouce eût été opposé directement aux autres doigts, en occupant le milieu de la région interne du carpe, beaucoup des opérations de la main eussent été compromises, surtout celles qui s’accomplissent avec le concours des éminences thénars soit d’une seule main, soit des deux à la fois. Voilà donc pourquoi il fallait qu’il fût placé latéralement, et très-écarté des autres. Comme il y avait deux côtés sur lequel on pouvait le placer, celui du petit doigt et celui de l’indicateur, il était rationnel de le placer du côté de l’indicateur, car les mains devaient être ainsi tournées l’une vers l’autre, et avec la forme opposée elles eussent été tournées dans un sens opposé[1]. De plus dans les flexions extrêmes des doigts, le petit doigt ne laisse aucun espace vide, l’indicateur en laisse un considérable, qui a évidemment besoin du pouce comme d’un couvercle. Puisqu’il fallait donc que le pouce fût situé dans cette région, la nature a articulé sa première phalange sur l’os le plus proche du carpe ; car s’il eût été uni à quelque os du métacarpe, il n’eût pas pu s’écarter assez de l’indicateur, et s’il en eût été ainsi, il eût mal fonctionné avec ce doigt, mal aussi avec chacun des autres, plus mal encore s’il s’agissait d’entourer un objet ; car dans chacune de ces fonctions l’utilité du pouce ressort assez de sa grande distance d’avec les autres doigts. C’est pourquoi la nature a éloigné ce doigt le plus possible des autres.


Chapitre x. — Utilité du nombre huit pour les os du carpe et du nombre quatre pour le métacarpe. — Raisons de la différence dans le mode de fonctions de la rangée carpo-cubitale et de la rangée carpo-métacarpienne tirées des mouvements et de la disposition de l’avant-bras, du métacarpe et des doigts.


La nature a placé entre l’avant-bras et les quatre doigts le carpe et le métacarpe, composés de plusieurs os pour les raisons qui ont été exposées plus haut (chap. viii). Mais pourquoi l’un est-il com-

  1. De pareilles suppositions (et Galien ne s’y livre que trop souvent) sont tout à fait anti-scientifiques, et compromettent plutôt la doctrine des causes finales, qu’elles ne servent à l’établir sur des bases solides. - Voy. aussi I, xxiv, p. 166.