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DE LA MAIN.

le radius, car il n’est ni dur ni petit, et il ne demande pas à être plutôt léger que charnu ; de plus il était impossible, les deux os étant si rapprochés les uns des autres, qu’un muscle prenant son origine sur le cubitus puisse devenir aponévrotique avant de s’insérer au radius. Les tendons doivent leur origine à la réunion, opérée peu à peu, des nerfs et des ligaments répandus dans la chair du muscle ; mais le peu à peu exige encore un assez long chemin à parcourir, surtout lorsqu’il s’agit d’un grand muscle[1]. Le muscle placé à la partie supérieure du radius (long supinateur) est une preuve de ce que j’avance ; ce muscle est, en effet, des quatre dont il est question ici, le seul qui donne naissance à un tendon membraneux, lequel prend naissance sur le radius à la partie interne, près du carpe ; lui seul, en effet, devait mouvoir cet os en l’embrassant par des attaches peu nombreuses, puisqu’il est, eu égard aux fibres charnues, le plus long non-seulement de tous ceux qui meuvent le radius, mais encore de tous les autres muscles de l’avant-bras. C’est pour cette raison que ces muscles ont été faits au nombre de quatre, qu’ils ont une position oblique, et qu’ils sont tout entiers charnus, excepté le quatrième dont il est parlé maintenant, car ce dernier, comme je l’ai annoncé, donne naissance à un tendon membraneux très-court.

La nature a placé chacun d’eux dans la région la plus convenable ; ceux qui doivent porter le membre en pronation (pronateurs), elle les a placés à la partie interne et plus profondément que tous les autres, pour les mieux préserver (voy. pp. 168 et 173), car il a été démontré plus haut (II, iv) que la plupart des mouvements, et aussi les plus nécessaires et les plus forts, sont accomplis la main étant en pronation. Les muscles qui portent la main en supination (supinateurs) la nature a dû de toute nécessité les placer à la partie externe ; mais il n’était pas possible de placer ces deux muscles de la même façon que les muscles internes (les pronateurs), aux deux extrémités du radius, en effet, la partie qui avoisine le carpe devant être légère et peu fournie de chair, et se trouvant déjà occupée par les origines des tendons qui meuvent la main, ne pouvait pas recevoir deux muscles obliques. Ainsi l’un de ces

  1. J’étudie toutes ces questions générales dans la Dissertation précitée.