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DE LA MAIN.

utilité ; mais il faut savoir ce seul fait d’une manière générale, c’est que la nature a fait pour certaines parties naître certains tendons de la peau, soit pour lui donner une sensibilité plus exquise ou un mouvement volontaire, soit pour la rendre moins mobile, ou dure, ou sans poil. Aux mains, instrument de préhension, il convenait, ce me semble, que la peau fût peu mobile, pour, entre autres usages, rendre parfaite et sûre la préhension des objets peu volumineux, et en même temps pour que cette partie fût douée d’un sentiment plus délicat que celui de tout le reste de la peau. Il ne fallait pas qu’il y eût un instrument pour la préhension, et un autre pour le toucher, ni un organe pour prendre chaque objet extérieur, l’enlever, le changer de place, le manier de toute façon, et un autre pour apprécier le degré de chaleur et de froid, de dureté ou de mollesse, et les autres différences tangibles ; mais il valait mieux qu’aussitôt après avoir pris un objet, on pût juger en même temps de quelle nature il est. Il n’était ni plus expédient, ni plus convenable de confier à un autre organe du corps, excepté à la main, le soin de faire ce discernement ; encore ne fallait-il pas le confier à la main tout entière, mais seulement à ses parties internes par lesquelles elle était un organe de préhension. S’il fallait que la main fût un organe du toucher, puisqu’elle était un organe de préhension, il était rationnel d’en faire un organe du toucher par les mêmes parties qu’elle est un instrument de préhension (voy. I, v, p. 118, note 1). Or, l’absence de poil, produite à l’intérieur de la main par l’épanouissement sous-cutané du tendon susdit, n’est pas de peu d’importance pour distinguer exactement toutes les qualités tangibles ; en effet, de même que si elle eût été recouverte de poils touffus, elle n’aurait pu toucher [immédiatement] les corps avec lesquels elle était en contact par l’interposition des poils qui empêcherait les corps d’arriver jusqu’à elle, de même, étant tout à fait glabre, aucune partie des objets avec lesquels elle se met en rapport ne peut lui échapper ; mais entrant directement en rapport avec toute la surface de ces corps, elle les sent dans toute leur étendue. Comme l’expansion du tendon donne de la dureté à cette partie de la main, il est évident pour tout le monde que cette disposition est utile dans beaucoup des opérations auxquelles nous nous livrons. Voilà pourquoi le tendon [du petit muscle] tapisse la partie interne de la main.