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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, II, iii-iv.

viennent à supposer que c’est moi qui suis dans l’erreur et non pas eux ; car il est plus raisonnable, ce me semble, de supposer un seul individu que tout le monde dans l’erreur. Cette opinion se formera encore plus volontiers chez les personnes qui ne sont pas du reste familiarisées avec nos autres traités d’anatomie, dans lesquels après avoir indiqué en quoi nos prédécesseurs s’étaient trompés dans la dissection, nous avons encore expliqué les causes de leurs erreurs, causes qui entraîneront dans les mêmes fautes ceux qui voudront disséquer s’ils ne se tiennent pas en garde. Les personnes qui voient ce que nous montrons dans nos dissections, sont frappées d’étonnement de ce que les anatomistes ont méconnu non-seulement certains tendons et certains mouvements, mais encore des muscles entiers ; elles appellent aveugles ceux qui commettent des erreurs aussi grossières. Ainsi donc, et pour laisser de côté les autres particularités qui leur échappent dans l’anatomie de la main, qui ne voit, s’il a des yeux, chaque doigt non-seulement étendu et fléchi, mais aussi mû latéralement ? Cependant lorsqu’ils font mention des tendons qui meuvent les doigts, les anatomistes parlent de ceux par lesquels ils sont étendus et fléchis, ne sachant pas qu’il y a nécessairement aussi pour les mouvements latéraux certains principes de mouvement. Vous étonnerez-vous encore, ou refuserez-vous de croire que beaucoup de particularités anatomiques peu évidentes soient ignorées de ceux qui méconnaissent les faits qu’on voit même sans dissection ? Cela soit dit une fois d’une manière générale, pour tout le reste de l’ouvrage, afin que nous ne soyons pas obligés de répéter plusieurs fois la même chose. Nous sommes maintenant à l’exposition des phénomènes qui apparaissent réellement par la dissection, personne ne s’en étant occupé, avec exactitude, avant nous. Celui donc qui veut contempler les œuvres de la nature ne doit pas se fier aux ouvrages anatomiques, mais s’en rapporter à ses propres yeux, soit qu’il vienne nous trouver nous-même ou quelqu’un de ceux qui travaillent habituellement avec nous, soit que lui-même, par amour de l’étude, s’exerce dans la dissection. Tant qu’il se contentera de lire, il se fiera d’autant plus volontiers à tous les anatomistes, mes prédécesseurs, qu’ils sont plus nombreux[1].

  1. Voy. note 2 de la page 149.