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DE LA MAIN.

nous eussions fléchi cette articulation du pouce comme les autres, je sais que vous eussiez amèrement et vivement blâmé la nature d’avoir fait un travail inutile, en créant un mouvement qui ne sert à rien et un tendon superflu. Eh bien, puisqu’elle a pourvu de toute façon cent dix-huit régions qui avaient besoin de tendons et qu’elle a laissé vide aux deux pouces une seule place qui n’en avait pas besoin, comment ne l’admirerez-vous pas ? Il eût été beaucoup mieux d’être plus prêt à louer ce qui est bien, qu’à blâmer ce qui est mal, si vous ne pouviez pas nous faire part de la grande utilité qu’il y aurait à une flexion exagérée de la première articulation du pouce ; car c’est seulement dans ce cas, c’est-à-dire si vous montriez qu’un mouvement utile a été oublié, que vous pourriez accuser la nature d’impéritie ; mais vous n’en avez pas un exemple à alléguer. En effet, quand nous portons la flexion des quatre doigts à son extrême limite, ainsi que nous avons dit plus haut (chap. xvii, et partic. p. 145), nous avons besoin dans toutes ces fonctions, de deux mouvements du pouce, un pour combler, en quelque sorte, l’espace vide qui existe vers l’indicateur, l’autre, lorsque nous plaçons le pouce sur les autres, les serrant et les comprimant vers le dedans de la main (Cf. chap. xxiii). Le premier de ces mouvements est sous la dépendance de l’un des deux tendons qui opèrent les mouvements obliques du pouce (long extenseur) ; le second est accompli par celui qui peut fléchir la deuxième articulation et que nous avons dit (p. 147) provenir de la tête commune des tendons des fléchisseurs [profonds] des doigts, et s’insérer à la partie interne du deuxième os du pouce. Ce qui a déjà été dit (Cf. I, xvii) et la suite de ce discours (II, iii-iv) dévoilent la structure de ce tendon et aussi celle de tous les autres.


Chapitre xxii. — De l’utilité du pouce ; origine de son nom (anti-main, ἀντίχειρ). — Comparaison du pouce chez l’homme et chez le singe. — Ce chapitre est encore dirigé contre Épicure et Asclépiade.


Mais rappelons-nous maintenant les fonctions du grand doigt dont nous avons parlé plus haut (chap. v). Nous avons démontré à cette occasion qu’il présente une utilité équivalente à celle des quatre doigts réunis qui lui sont opposés. C’est, il me paraît, pour avoir songé à cette utilité du pouce, que le vulgaire l’a appelé anti-main