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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, I, xix.

internes ne sont plus droits, mais un peu obliques[1]. Voyez donc ici l’admirable sagesse du Créateur : en effet, comme il était meilleur que dans l’action de fléchir les doigts les mouvements latéraux cessassent, puisqu’ils ne devaient être d’aucun secours, et qu’ils entrassent en action dans l’extension, puisque alors ils étaient grandement utiles, il a donné aux tendons qui effectuent les mouvements latéraux une structure qui les rend prêts à agir pour le mieux et qui leur ôte la possibilité d’agir dans un mauvais sens. Et d’abord, puisqu’il a fait naître les tendons latéraux, les uns des petits muscles situés à la partie interne de la main, les autres des grands muscles externes de l’avant-bras, il était nécessaire que les premiers fussent plus petits et plus faibles et les autres plus grands et plus forts ; il les a attachés à chaque doigt à la place la plus convenable ; à la main droite il a placé les plus faibles à gauche (eu égard à l’axe du corps ; voy. p. 151), et les plus forts à droite, et pour la main gauche les plus faibles à droite et les plus forts à gauche : de plus, il n’a conduit ni les uns ni les autres, juste sur le milieu de la face latérale des doigts, mais les externes, il les a placés un peu plus haut, c’est-à-dire en les rapprochant des extenseurs et les éloignant des fléchisseurs. A cause de cela donc, le mouvement latéral externe devait l’emporter [sur l’interne], et ensuite ce mouvement devait cesser quand nous fléchissons les doigts. Mais nous avons dit en quoi il était bon que ce mouvement cessât ; maintenant nous dirons en quoi il est bon qu’il soit le plus fort.


Chapitre xix. — De l’utilité du mouvement latéral des doigts, eu égard au mouvement d’opposition du pouce. — Résumé des propositions fondamentales sur les mouvements des muscles ; exemple tiré du mouvement d’un vaisseau. — Comment on doit mesurer l’étendue d’un mouvement.


Nous avions besoin de ces mouvements latéraux des doigts afin de pouvoir les écarter le plus possible les uns des autres, de sorte que si nous n’avions jamais dû nous trouver dans le cas d’écarter ainsi les doigts, nous n’en aurions pas eu besoin ; mais comme la nature a opposé le pouce aux autres doigts, elle savait qu’il serait

  1. Quoi qu’en dise Hoffmann (l. l. p. 20), par ces derniers, il faut entendre les lombricaux et les extenseurs propres, mais non les interosseux. Voy. ce que Galien dit des interosseux, livre II, chap. iii, et la Dissertation précitée.