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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, I, xvii.

pas possible de placer dans cet endroit Je tendon qui devait présider pour le pouce au mouvement de flexion, et si, de l’autre, ce mouvement ne pouvait s’accomplir, le tendon n’occupant pas cette position, il y avait danger que le mouvement de flexion fût supprimé ou tout à fait gêné. Comment la nature a-t-elle triomphé d’une si grande difficulté ? Elle a fait naître le tendon de l’aponévrose[1] qui est à la région du carpe, car comment pouvait-elle faire autrement ? Mais elle ne l’étendit pas directement vers le pouce, et ne le fit pas non plus partir des parties qui font directement suite à ce doigt : il prend son origine au même point que celui qui se rend vers le doigt du milieu (portion du fléchisseur profond) sur lequel il repose longtemps, et auquel il est accolé par de fortes membranes ; il s’en sépare en traversant ces membranes quand il est arrivé au creux de la main, de la même manière que les rênes des attelages s’échappent à travers certains anneaux fixés sur le joug ; car de même que les rênes, en opérant une certaine flexion et en faisant une espèce d’angle dans les anneaux, tournent, en les tirant, les animaux du côté des anneaux, de même le tendon, lorsqu’il est tendu par le muscle qui le tire, ne porte pas le doigt vers ce muscle, mais vers le point où il se recourbe après avoir percé la membrane[2]. C’est pour cela qu’il tire son origine de la tête commune aux autres tendons, et qu’il a une direction telle que je l’ai indiquée. Pourquoi est-il superposé à d’autres tendons ? Certes, c’est évidemment parce qu’il est un organe d’un mouvement moins important ; la nature place toujours ce qu’il y a de plus important dans le fond et ce qui l’est moins à la superficie (cf. II, vii). C’est par suite de la même prévoyance que pour les tendons externes de la main, ceux des doigts sont superficiels et que ceux

  1. Voy. note 3 de la page 149.
  2. Je renvoie à la Dissertation précitée pour la théorie des mouvements obliques. — La disposition que Galien décrit avec tant de soin pour le tendon envoyé au pouce par le fléchisseur profond (voy. p. 145, note 1) est, à de très-légères modifications près, celle qu’on constate chez l’homme pour le long fléchisseur du pouce. On remarquera aussi que Galien a indiqué ici, mais très-vaguement, les prolongements que l’aponévrose antibrachiale et le ligament annulaire envoient autour des fléchisseurs. — Suivant Hoffmann (Commentaire, p. 19), on ne voit les anneaux dont parle Galien ni sur les chars des triomphateurs, ni sur ceux du cirque ; ils existaient sans doute sur les chars ordinaires.