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DE LA MAIN.

utilité est en raison des éléments dont ils sont composés : ils sentent ; ils sont doués du mouvement volontaire ; ils fixent les muscles aux os. Il est évident que c’est des nerfs qu’ils tirent leurs premières propriétés, sentir et mouvoir, et que c’est des ligaments que leur vient celle d’unir les os aux muscles. En effet le ligament étant, comme le nerf, blanc, exsangue et sans cavité, a, pour cette raison, passé pour un nerf auprès de beaucoup de gens inexperts ; mais le ligament ne vient ni du cerveau, ni de la moelle ; il va d’un os à un os, aussi est-il beaucoup plus dur qu’un nerf ; il est tout à fait insensible, et ne peut rien mouvoir. Ainsi la nature, en tirant des muscles de l’avant-bras pour les porter aux doigts tous ces tendons qu’on voit au carpe, les a fixés sur chacune des articulations, non certes en vue d’attacher les os les uns aux autres ; car à quoi cette disposition eût-elle servi ? Elle ne les a pas fixés non plus sur l’extrémité de l’os placé en avant de l’articulation[1], il n’en fut résulté aucun avantage ; mais elle les a insérés sur la tête du deuxième os qui devait être mû. Cela se passe, je suppose, de la même manière, pour les marionnettes mises en mouvement à l’aide de ficelles[2]. En effet, pour les marionnettes, on fait passer la ficelle par-dessus les jointures et on la fixe à la base des parties situées au-dessous, afin que le membre obéisse facilement quand on tire cette ficelle. Si jamais vous avez vu des marionnettes, vous vous ferez une idée claire du mouvement imprimé à chaque articulation par chaque tendon. En effet, l’os postérieur à l’articulation se mouvant autour de celui qui est en avant et qui reste immobile, le doigt est étendu quand c’est le tendon externe qui agit ; il est fléchi quand c’est le tendon interne.

Pourquoi la nature a-t-elle produit de longs tendons et n’a-t-elle pas implanté les muscles sur le carpe ? Parce qu’il était

  1. Ici, et plus bas, comme je l’ai fait remarquer dans une des notes précédentes (voy. p. 137, note 1), Galien procède de l’extrémité des doigts vers le carpe. — La disposition qu’il signale pour l’insertion des tendons sur les phalanges est très-exacte ; elle repose d’ailleurs sur les lois de la mécanique générale des leviers. Voy. Dissertation sur la physiologie de Galien.
  2. M. Magnin dans son Histoire des Marionnettes (p. 35), ouvrage rempli d’intérêt et d’érudition (qualités très-rarement réunies), a mis ce texte à profit, et aussi celui qui se trouve au chap. xvi du livre II. — Voy. aussi Hoffmann, l. l., p. 18.