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préface
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Pour ce qui est de la doctrine musicale qui découle des enseignements importants qu’offrent les mélodies populaires, j’ai traité tout particulièrement ce sujet dans les annotations qui précèdent chacune des chansons recueillies, et surtout dans les remarques générales de la fin de ce volume.

Il est à peine besoin de dire que ce livre, quant à la partie notée, n’est pas du tout mon œuvre. C’est l’œuvre de ce compositeur insaisissable qu’on appelle le peuple, et mon unique préoccupation, en recueillant les chants que contient ce volume, a été de les rendre tels que des personnes du peuple, ou du moins des personnes non versées dans l’art musical, me les ont chantés.

Avant d’entrer en matière et pour l’intelligence de ce que j’aurai à dire au lecteur, on me permettra de rappeler ici un fait extrêmement remarquable de l’histoire de la musique. Je laisse parler le regretté directeur du conservatoire de Bruxelles, l’artiste qui, pendant de longues années, porta le sceptre de la science musicale dans l’Europe et, dans le monde :

« … Il me reste à parler, dit M. Fétis,[1] d’une audacieuse innovation qui opéra tout à coup, vers la même époque, (la fin du XVIIe siècle) une transformation complète de la tonalité, je veux dire de l’art tout entier. Les règles de l’harmonie, depuis le quatorzième siècle jusqu’à la fin du seizième, avaient proscrit toute relation de la note supérieure du premier demi ton (fa) avec l’inférieure du second (si)… Le résultat immédiat de cette prohibition était qu’il ne pouvait y avoir de note sensible réelle dans la musique, conséquemment, que la tonalité de la musique actuelle ne pouvait exister. Car remarquez qu’il n’y a de note sensible que parce qu’il y a répulsion harmonique entre la quatrième note et

  1. Résumé philosophique de l’histoire de la musique, p. ccxx et suivantes.