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INTRODUCTION

ces deux éléments : la matière et l’esprit. Des cinq agrégats qui sont : la forme (Rûpa), la sensation (Vedanâ), l’idée (Saṃjnâ), les concepts (Saṃskâras) ; la connaissance (Vijñâna), le premier est matériel et les quatre autres sont spirituels. Réunis, ils forment le moi phénoménalement. Ce système n’est donc pas purement monistique comme le matérialisme européen.

Nous pouvons résumer la conception de cette école dans ces mots : l’être humain consiste dans les éléments ; il n’y a pas de moi en dehors de ces éléments ; donc ces éléments seuls existent et sont réels.

Mais cette école s’est arrêtée à moitié route ; si elle a reconnu le néant du moi, elle a admis la réalité des éléments qui le composent ; c’est là ce qu’on appelle, dans le langage du Bouddhisme, l’École qui enseigne le néant du moi et l’existence des Dharmas ; toute la différence entre le Mahâyâna et le Hînayâna porte sur ce point.

2o Jô-jitsou. Cette école plus rapprochée du Madhyamayâna ne nie pas seulement la réalité du moi, mais elle n’admet pas les éléments même des cinq agrégats ; aussi l’appelle-t-on l’École du Néant du moi et du Néant des Dharmas ; mais ce néant de deux espèces est, à proprement parler, analytique ; car il se fonde sur la théorie des trois phénoménalités[1] qui réduit le moi et les

  1. C’est le phénomène contigu, le phénomène contingent, le phénomène relatif. (Voir le chapitre II).