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mirail par le duc de Doudeauville, à Paris par MM. de Greffulhe, de Praslin, Mme de Lavoisier, la duchesse de Duras. Puis vinrent l’école de la rue Carpentier, n° 4 (1815), et celle de la Halle-aux-Draps (1816) ; celle de l’Enclos-Saint-Jean-de-Latran, place de Cambrai ; celle de Saint-Ambroise-Popincourt ; en 1818, ces écoles étaient au nombre de vingt-huit dans Paris[1].

À ces écoles d’enseignement mutuel, fondées sur le modèle d’un pays étranger, d’un pays protestant, les Frères des Écoles chrétiennes opposaient le mode d’enseignement simultané. Ils s’appuyaient sur l’autorité de Rollin, d’après lequel la méthode de faire lire des mots à plusieurs syllabes par plusieurs enfants à la fois, dont chacun prononce une syllabe, aurait été introduite en 1700 dans les écoles d’Orléans et dans d’autres écoles de Paris.[2] « On a introduit à Paris depuis plusieurs années, dit-il[3], dans la plupart des écoles des pauvres, une méthode qui est fort utile aux écoliers et qui épargne beaucoup de peine aux maîtres. L’école est divisée en plusieurs classes. J’en prends ici une seulement, celle des enfants qui joignent déjà les syllabes ; il faut juger des autres à proportion. Je suppose que le sujet de la lecture est : « Dixit dominus domino meo, sede a dextris meis. » Chaque enfant prononce une syllabe comme Di, son émule qui est vis-à-vis de lui continue la suivante xit, et ainsi du reste. Toute la classe est attentive, car le maître, sans avertir, passe tout d’un coup du commencement d’un banc au milieu ou à la fin, et il fait continuer sans interruption. Si un écolier manque dans quelque syllabe, le maître donne sur la table un coup de baguette, sans parler, et l’écolier est obligé de répéter comme il faut la syllabe jusqu’à ce qu’elle ait été prononcée correctement. J’ai vu avec un singulier plaisir, il y a plus de trente ans, cette méthode pratiquée

  1. Voir Dr Bally, Guide de l’enseignement mutuel. Paris, 1818 in-12 ; C.-A. Basset, Directions four les fondateurs et fondatrices et pour les maîtres et maîtresses des écoles d’enseignement perfectionné. Paris, 1816, in-12 ; Nyon, Manuel pratique, ou Précis de la méthode d’enseignement mutuel pour les nouvelles écoles élémentaires. Paris, 1817, in-12 ; R. de Lamennais, vicaire général de Saint-Brieuc, De l’enseignement mutuel. Saint-Brieuc, 1819, in-8o.
  2. On pourrait aussi sans doute en trouver le précédent dans les méthodes appliquées à Saint-Cyr par Mme de Maintenon.
  3. Supplément au traité de la manière d’enseigner et étudier les belles-lettres. Paris, 1734, in-12, p. 18.