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CORRESPONDANCE

s’inspirer de l’âme de l’humanité et non de la sienne. C’est comme le sonnet À la gloire[1] ; cela n’est pas lisible et le lecteur s’indignera toujours de la supériorité que l’auteur se reconnaît.

La première strophe est superbe, mais ensuite cela dégringole. « La Poésie personnifiée et parlant », mauvais goût ; « l’étendard de la poésie », idem.

Une route étoilée et sereine


que l’on poursuit un étendard à la main et que l’idéal traçait,

De la cime où je plane,


tout cela est forcé, cherché, encombré.

La gloire sur ma tombe a sonné son réveil,


de qui le réveil ? De la gloire ou de la royauté ?

Nous avons déjà reine et, plus bas, encore reine.

La fleur de l’aloès éclate épanouie


non. La fleur éclate en s’épanouissant, mais elle n’éclate pas épanouie. Quand elle éclate, elle n’a pas pour qualité, pour attribut d’être épanouie ; elle est, au contraire, s’épanouissant.

Si tu as ton prix, travaille ta Servante tranquillement et mets-toi de suite, sans t’inquiéter de rien, à tes autres contes et publie tout en masse. Il faut toujours employer les grosses artilleries. Il ne faut pas donner ainsi son sang goutte à goutte. Songe à ce que serait la publication de

  1. Voir ce sonnet à l’Appendice.