Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 2.djvu/437

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
431
DE GUSTAVE FLAUBERT.

ma chère Louise. Ça a été de bonnes heures. Je ne t’ai jamais tant aimée ! J’avais dans l’âme des océans de crème. Toute la soirée ton image m’a poursuivi comme une hallucination. Il n’y a que depuis hier au soir que je me suis remis à travailler. Jusque-là j’ai passé mon temps dans le désœuvrement et la rumination des moments écoulés. J’ai besoin de me calmer.

Prends courage, un temps viendra où nous nous verrons plus souvent. Dans deux mois, quand ma première partie sera faite, j’irai passer quelques jours à Paris et au mois d’octobre nous retournerons à notre maison de campagne, voir jaunir les feuilles. Une fois mon roman fait, je prends un logement à Paris. Nous en ferons l’inauguration solennelle.

Adieu, je t’écrirai plus longuement la prochaine fois, à la fin de la semaine ou vers le commencement de l’autre.

Je t’embrasse, je te baise partout.

À toi, mon amour.


325. À LOUISE COLET.

Entièrement inédite.

Dimanche, 11 heures du soir.

Nous nous occupons présentement de ta pièce de Pradier[1]. Quand je dis nous, j’emploie un pluriel ambitieux, car Bouilhet, depuis une heure,

  1. Poème sur la mort de Pradier dans Ce qui est dans le cœur des femmes, 1 vol., Paris, 1852. Pour suivre les corrections des pages 435 et suivantes, voir à l’Appendice.