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LA PLANÈTE MARS.

cordent pour montrer qu’il y a là une île couverte de hautes montagnes de temps en temps blanchies par les neiges ou par les nuages. L’astronome anglais Dawes a notifié là de curieux changements ; il a notamment dessiné une tache blanche ; parfaitement visible les 21, 22 et 23 janvier 1865 et, au contraire, complètement invisible les 10 et 12 novembre précédents.

» Cette île[1] paraît s’élever au milieu des eaux, cime solitaire, souvent blanchie par les neiges, et peut-être environnée de nuages qui se condensent là comme ceux que l’on voit suspendus aux sommets des Alpes, toutes les fois que l’air humide est un peu rafraîchi. C’est l’île de Ténériffe de Mars, plus élevée sans doute, mais ne plongeant point, comme nos Alpes et nos Pyrénées, jusque dans la région des neiges éternelles.

» Quoique le globe de Mars paraisse plus aplani que la Terre, peut-être possède-t-il encore quelques montagnes. Mais ces blancheurs intermittentes pourraient aussi être produites par des nuages qui se formeraient au-dessus des régions humides et froides, et subsisteraient pendant quelque temps. »

Cette île neigeuse correspond à la région de Protée, des Cartes de Schiaparelli. L’île d’Argyre paraît dans le même cas. Nous parlions de l’existence probable de montagnes sur Mars, en diverses régions de la planète, indépendamment des points lumineux observés le long du terminateur, mais pouvant les expliquer. Écoutons sur ce sujet un très habile observateur, M. Campbell, de l’Observatoire Lick.

clxi.Campbell. — Projections observées sur le terminateur de Mars[2].

Nous traduirons textuellement cette étude.

M. Schiaparelli a souvent signalé certaines taches brillantes observées sur la planète, et leur a attribué une très grande importance pour l’étude de la constitution physique de Mars. Cet habile observateur n’a jamais vu ces régions brillantes projetées au delà du terminateur, mais il a démontré[3] qu’elles sont beaucoup plus brillantes vers les bords que vers le centre de la planète. Leur caractère permanent montre que ce sont là des phénomènes inhérents à la surface même de l’astre.

M. Terby a observé en huit ou dix nuits, en 1888, trois taches blanches qui, invisibles tant qu’elles n’approchaient pas du bord du disque, devenaient très brillantes, se montrant projetées hors du limbe par irradiation, comme les neiges

  1. Déjà signalée dans la première édition du même Ouvrage (1877), p. 423.
  2. Publications of the Astronomical Society of the Pacific, vol. VI, 1894, p. 103.
  3. Voyez Tome 1, p. 440-441.