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LA PLANÈTE MARS.
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humide, étaient ensuite suspendus sous la cloche d’une machine pneumatique. Dès que la pression commençait à diminuer, le volume des ballons augmentait graduellement, on voyait l’enveloppe se fendiller, et l’on arrêtait au moment voulu pour photographier.

Les fig. 238 et 239 représentent ces expériences.

M. Du Ligondès a essayé de compléter ces expériences en se plaçant dans des conditions qui se rapprochaient, autant que possible, de la réalité. À cet effet, il a recouvert d’une couche uniforme de terre à mouler, ayant 12 à 13 millimètres d’épaisseur, un globe de plâtre de 175 millimètres de diamètre environ. Il a ainsi obtenu une sphère ayant à peu près 20 centimètres de diamètre, composée d’un noyau incompressible et d’une enveloppe susceptible de se rétrécir par dessiccation. Au bout de vingt-quatre heures d’exposition dans un local chauffé, la dessiccation ayant paru complète, on a photographié le globe crevassé sur plus de la moitié de sa surface (fig. 240). Ici, l’enveloppe étant plus épaisse que celle des ballons, les fentes sont beaucoup plus larges et moins nombreuses.

On observe une analogie apparente entre ces cassures et celles qui sillonnent la planète Mars. « La différence essentielle proviendrait de ce que la surface des globes en expérience n’ayant subi aucun remaniement extérieur, les cassures sont restées intactes, tandis que les crevasses de Mars, dégradées par les agents d’érosion, auraient perdu leurs arêtes vives. Une partie des matériaux se serait éboulée à l’intérieur, formant ainsi des vallées plus ou moins larges et peu profondes. »

ccxxxv.Flammarion. — Variations certaines sur Mars[1].

L’existence de variations certaines arrivant actuellement à la surface de Mars est d’une grande importance pour notre connaissance de cette planète. À celles que j’ai déjà signalées, il me paraît utile d’ajouter un dessin résumant les observations faites sur le rivage de gauche de la mer du Sablier.

D’après les observations comparées, faites depuis 1877, notamment par MM. Schiaparelli à Milan, Green à Madère, Stanley Williams à Brighton, Lowell à Flagstaff, Brenner à Lussinpiccolo, Walter Gale à Sydney, Molesworth à Ceylan, Phillips à Yeovil, Meares à Calcutta, Kempthorne à Berkshire, ainsi que par les nôtres à Juvisy, etc., ce rivage s’est déplacé d’année en année, comme on le voit sur le plan ci-dessous (fig. 241). De 1864 à 1877, cette « mer » était fort étroite et à sa gauche se détachait, assez loin, un lac, le lac Mœris, réuni à elle par une traînée sombre. Puis, ce rivage oriental alla en s’élargissant. En 1879 et

  1. Annuaire Astronomique pour l’an 1898 (novembre 1597).