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SCHIAPARELLI. OPPOSITION DE 1888.
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du Sablier soit de l’eau, des marécages ou des prairies, elle n’est pas homogène et se montre parsemée d’îles. Je disais autrefois que cette ligne foncée centrale indiquait sans doute une plus grande profondeur d’eau. Pourquoi pas ?

Son prolongement boréal par la Nilo Syrtis s’est montré parfaitement net et très foncé, d’une largeur de 3° à 4° (180 à 240 kilomètres) qui paraît être son état normal.

À l’extrémité de la Nilo Syrtis, le Protonilus a d’abord montré, le 2 mai, une tache foncée, signe précurseur des géminations qui allaient bientôt se produire. En effet, du 2 au 13 juin on a constamment vu le Protonilus et le Pierius nettement et admirablement dédoublés. L’Arnon y amenait sans doute la fusion des neiges boréales (voy. fig. 22 et fig. 25).

Des blancheurs éclatantes, de la dimension du lac Mœris (environ 4° ou 240 kilomètres) ont été vues plusieurs fois sur la Népenthès.

La neige polaire boréale s’est montrée traversée par une large ligne foncée du 7 au 15 mai, puis du 4 au 13 juin. Le 9 mai et le 4 juin, on la voit même partagée en trois parties. Son diamètre angulaire a augmenté de 8° à 15°, du 2 mai au 6 juin, puis a diminué dans la même proportion. Sa position, d’après les mesures de M. Lohse à l’Observatoire de Potsdam, était à 2°,73 du pôle aréographique, sur la longitude 224°,9. La séparation de la neige polaire en deux parties inégales a été également observée par M. Perrotin à Nice et M. Terby à Louvain.

Le plus gros morceau de cette neige polaire boréale a entièrement disparu le 14 juillet. Cette disparition n’a duré qu’un jour ! C’était 149 jours après le solstice d’été. Elle s’est immédiatement reformée.

En terminant l’exposé de ces observations, l’illustre Directeur de l’Observatoire de Milan fait remarquer que « l’un des caractères les plus importants de l’opposition de 1888 a été la réapparition des géminations, restées absentes en 1886. Elles ont été au nombre de 28, dont 2 parfaitement nettes, 14 bien définies, 9 mal définies et 3 imparfaitement formées. Cette réapparition a eu lieu vers le milieu de mai, c’est-à-dire environ trois mois après le solstice d’été boréal, arrivé le 16 février, ou trois mois avant l’équinoxe d’automne, arrivé le 15 août. Elles paraissent durer de quatre à cinq mois. »

Les observations de 1888 ont précisément continué celles de 1886 au point de vue des saisons martiennes :

   
1886
commencement
28 février, ou 132 jours avant le solstice
fin
28 février,1er juin, ou 163 jours après le solstice
1888
commencement
28 février,2 mai, ou 175 jours après le solstice
fin
28 février,21 juillet, ou 156 jours après le solstice

Il s’agit ici des observations utiles, des bonnes images. Or, elles s’accordent pour établir que les aspects aréographiques sont d’abord nébuleux et mal définis, vagues et comme incertains. Ils se précisent ensuite graduellement à mesure que la saison avance, les lignes et les taches deviennent nettes, et « c’est alors l’époque des belles géminations, des petits lacs, des plus minuscules détails ».