La vaste région qui s’étend à la droite de la mer du Sablier et qui a reçu le nom d’Aeria a paru souvent très blanche, sous des inclinaisons de vues fort diverses. Il en a été de même pour la Cidonia, l’Arabie et d’autres contrées.
Nous ne pouvons présenter ici toutes les observations exposées dans ce volumineux
Mémoire de 114 pages in-4o, en petit texte. Ce qui nous frappe le plus, ce
sont les variations constatées. Outre la grande ligne Euphrate-Arnon-Kison dont
nous avons parlé, remarquons encore, à sa droite, sur les figures de 1886 et 1888, le
canal qui descend de la baie fourchue du méridien, celui de droite, le Gehon. En
Fig. 25. — Dessin du 2 juin 1888.
1886 (fig. 24) il tourne à droite, va couper l’Oxus en décrivant une courbe, et
aboutit à la mer Acidalienne. En 1888 (fig. 25) au lieu d’être courbe, il est rectiligne,
et l’on retrouve, au point où il coupe l’Oxus, la fontaine de Siloë, vue en
1884, disparue en 1886. Si l’on veut, du reste, se donner le plaisir de comparer
avec attention les détails de ces deux dessins, on sera stupéfait des différences.
Toutes ces variations de cours d’eau ou de tapis végétaux qui paraissent et disparaissent tour à tour me rappellent ce qui se passe dans un pays de la Terre que j’ai visité plus d’une fois dans mon enfance : la Meuse, entre Bourmont et Neuchâteau, disparaît aussi et reparaît tour à tour, selon la quantité d’eau des pluies. Pendant les sécheresses, elle filtre entièrement à travers un sol poreux, et au lieu d’un cours d’eau on a là un terrain sec et de fertiles prairies sur lesquelles paissent les troupeaux. Son cours est souterrain du moulin de Bazoilles à Noncourt, sur une longueur d’environ 6 kilomètres. Dans les saisons pluvieuses, au contraire, la rivière ne disparaît pas. Il y a, en France seulement, plusieurs exemples analogues de rivières souterraines. Les variations martiennes sont peut peut-
