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SCHIAPARELLI. OPPOSITION DE 1888.
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Le tout s’est montré parfaitement double pendant toute la durée des observations.

Ce n’est pas la calotte polaire qui a quitté le pôle, très certainement.

Ce mouvement incompréhensible et certain du système Euphrate-Arnon-Kison s’est effectué entre le mois d’avril 1886 et le mois de juin 1888, pendant l’absence des observations de Mars.

La gémination du système n’a pas montré son parallélisme habituel : les deux composantes allaient en s’écartant du pôle à l’équateur, comme si la force centrifuge due à la rotation de la planète avait une action sur cette gémination ! Nous restons en plein mystère.



Fig. 24. — Dessin du 5 avril 1886.

Si, au lieu de considérer le sinus Sabæus et le port Sigée comme le point de départ de ce système hydraulique ou végétal Euphrate-Arnon-Kison, nous regardions les neiges polaires et leur fusion comme l’origine, peut-être le changement observé serait-il moins difficile à concevoir. En admettant que ces neiges polaires soient plus élevées, qu’une plaine basse s’étende du pôle à l’équateur, l’eau provenant de ces neiges ne pourrait-elle s’écouler en des directions différentes selon les saisons et les années et donner naissance à des canaux, à des lacs, à des marécages, à des prairies ? Toutes les conjectures sont ouvertes.

D’autres variations presque aussi stupéfiantes ont été l’objet d’observations précises. L’une des plus remarquables est celle du canal Pierius qui va du lac Aréthuse au canal Casius (voir fig. 26). Tandis que celui-ci s’est montré composé de deux lignes écartées de près de 10°, le Pierius était près de moitié moins large dans sa gémination et le Callirrhoe est resté simple. De plus, comparé au Protonilus, le Pierius s’est montré tantôt plus foncé, tantôt plus clair. C’est une nouvelle vérification du fait que les variations rapides d’un jour à l’autre dans la visibilité de certains canaux sont réelles et non pas dues aux conditions atmosphériques changeantes de l’observateur terrestre.