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OBSERVATOIRE LOWELL.

À mesure que les taches foncées de l’hémisphère austral approchent du milieu de l’été, d’octobre à janvier, leur couleur change du vert au brun, puis au jaune. Les contrées claires de cet hémisphère ont un fond orangé ou jaune auquel s’ajoute un peu de vert en novembre, à l’époque de la fusion du cap polaire, puis un peu de brun en décembre, de rouge en février, et de blanc en mars. Cette transition du vert au brun et au jaune ressemble à celle de notre végétation pendant les étés secs et en automne.

Les grandes taches sombres de la zone torride australe sont d’un vert bleuâtre tout l’été et tournent au jaune en avril. Les grandes aires claires ont une couleur jaune ou rose orange, avec un peu de rouge en janvier, février et avril. Les taches sombres septentrionales sont vertes ou vertes-bleues en décembre et janvier. Il n’est pas démontré pour cela que cette coloration rouge soit un effet des saisons, quoique sur Hellas elle atteigne son maximum en février, immédiatement après que toute végétation possible se serait fanée dans un ton jaune.

Comme exemple des variations dues aux saisons, on peut citer entre autres le fait suivant. Vers le 2 février 1897, l’aspect de la mer des Sirènes était normal, et le 17 il en était à peu près de même du golfe de l’Aurore. En cinq semaines la première était effacée, et en quatre semaines le second avait également disparu. L’étendue totale de ces régions devenues invisibles s’élève à deux millions de milles carrés. Cela se passait au mois d’avril martien.

Les observateurs ont fait 175 observations du limbe et du terminateur et ont mesuré et dessiné un grand nombre de projections ou proéminences dues à des nuages élevés éclairés par le soleil, ainsi que des dépressions apparentes dues à des régions foncées. Ils tirent les conclusions suivantes de l’ensemble de leurs études pendant cette apparition :

En 1894, la distribution des projections près de la latitude australe −40°, en décembre martien, avait fait soupçonner que l’équateur de chaleur se trouvait vers cette latitude. En 1896, cette même distribution porterait cet équateur, en février martien, vers −30°.

Un courant atmosphérique supérieur paraît souffler de l’équateur de chaleur vers les pôles. Les 25 et 26 novembre 1894, en février martien, aux latitudes de −20o à −30°, les nuages se déplacaient du sud au nord, partant de l’équateur de chaleur, à une altitude de 8 à 15 milles et au taux de 18,7 milles à l’heure.

Divers cas de cyclones extra-tropicaux chargés d’eau paraissent avoir été constatés, écrivent les astronomes de l’Observatoire Lowell, la Nix Atlantica de 1877 et 1882 et la Nix Olympica de 1879 avaient probablement cette origine[1].

La polarisation observée en 1894 sur la baie polaire australe indique une sur-

  1. « La planète Mars, p. 441 ». — Je pense, pour ma part, qu’il ne s’agit pas là de cyclones ni de tempêtes, mais de régions spéciales fixes, probablement montagneuses, qui peuvent se couvrir de neige. C. F.