Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 2, 1909.djvu/131

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
124
LA PLANÈTE MARS.

correspondre à des vallées qui pourraient avoir deux milles de profondeur ; le Ceraunius s’est présenté dans ces conditions. Ces échancrures ne s’observent pas toujours dans les parties les plus foncées des régions grises, et l’on peut en conclure, ajoute M. Pickering, que ces régions grises ne sont pas d’un niveau uniforme, qu’il y a là des montagnes et des vallées et, par conséquent, que ce ne sont pas des mers.

Les variations dues aux saisons ont été l’objet d’une étude spéciale attentive de la part de M. Lowell. Même instrument, même observateur, mêmes conditions atmosphériques, autant que possible. Les changements dus aux saisons sont incontestables, écrit l’auteur. Mars est un monde bien vivant.

On peut partager en deux ordres ces changements, quoique l’une soit la conséquence de l’autre : 1o les variations polaires ; 2o celles du reste de surface. Les premières sont les plus évidentes.

Les fig. 124, 125 et 126 indiquent les changements d’aspect de l’Hespérie suivant les saisons martiennes.

Au commencement des observations, en juin, la principale particularité du disque en dehors des régions polaires était le caractère indéfini de toutes les taches sombres de la zone tempérée australe. Ces contours diffus faisaient contraste avec la netteté des régions équatoriales. Ce contraste montrait que la distance de la planète n’était pas la cause de ces aspects, que cette cause était locale, attendu que la chaîne des régions claires australes était de contours mal définis comparée avec son aspect ordinaire, et que les parties claires se fondaient par gradations insensibles dans le bleu vert des régions sombres environnantes. De plus, les péninsules Atlantis, Hespérie, etc., qui rattachent les îles au continent, étaient absentes.

Aussitôt que cette région revint en vue, en juillet, en a retrouvé l’Hespérie. Au retour suivant, en août, elle se montra plus marquée encore, et il en fut de même en septembre, en octobre et en novembre.

On pourrait penser que la distance décroissante et l’agrandissement graduel du diamètre expliquent cette meilleure visibilité, car le disque de Mars mesurait 8″ le 7 juin, 16″ le 24 et 20″ le 30 : c’est à peu près comme si la planète, supposée à la même distance et du même diamètre, avait été observée avec des instruments de diverses dimensions. M. Lowell répond en partie à cette objection en faisant remarquer que ce changement dans la visibilité relative de l’Hespérie n’était pas dû au rapprochement, car cette région a été plus évidente en août, lorsque la planète était encore fort éloignée, qu’en octobre, où elle était beaucoup plus proche.