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LA PLANÈTE MARS.

intérêt tout spécial en ce qu’elles étudient précisément cette circulation de l’eau : neiges, fonte des neiges, mers et canaux. »

Le célèbre opticien américain Alvan Clark, qui, pour la première fois, assistait à nos séances, a pris la parole après M. Lowell. Il se félicite de se trouver au milieu de nos collègues. « Dans les découvertes astronomiques, dit-il, la Science et l’Art se sont mariés. En ce qui concerne la construction des instruments, il y a des courbes très difficiles à obtenir : on n’y réussit pas toujours et il faut souvent demander à l’Instinct de suppléer aux Mathématiques. Il affirme donc la nécessité des « retouches locales » dans les objectifs. L’Optique et l’Astronomie marcheront toujours ensemble. »

La Société Astronomique de France a eu ainsi ce jour-là une sorte de double conférence, fort instructive, sur les observations et les instruments. Parmi les projections qui l’ont illustrée, nous conserverons ici (fig. 117) le très curieux et très inattendu dessin de la région du lac du Soleil présenté par M. Lowell[1]. Le lac se montre allongé et double, prolongé par deux canaux jusqu’au Golfe de l’Aurore dans lequel se remarquent des canaux ! C’est de ces observations que les astronomes de Flagstaff sont partis pour conclure, comme nous le verrons tout à l’heure, que les « mers » martiennes sont des plaines végétales, opinion déjà rendue vraisemblable par les remarques de M. Pickering publiées plus haut (p. 62).

Avant d’arriver au détail des observations et aux Annales de l’Observatoire Lowell, résumons l’Ouvrage populaire sur Mars que nous avons signalé tout à l’heure.

Le sujet de ce Livre est divisé en six Chapitres et nous ne pouvons mieux faire que de les examiner séparément. Occupons-nous d’abord de la forme de la planète.

Le disque de Mars paraît généralement (en dehors des phases) parfaitement rond. Les mesures faites à l’Observatoire Lowell montrent qu’il est aplati aux pôles. Presque toutes les mesures précédentes donnaient une trop grande valeur à cet aplatissement et la théorie ne pouvait les admettre. La raison de cette apparente différence a été trouvée après une série de mesures soigneuses des diamètres, polaires et équatoriaux.

L’explication, qui semble s’accorder très bien avec les faits, est que sur le bord du disque il y a une frange crépusculaire qui affecte inégalement les diamètres équatoriaux et polaires. Le diamètre équatorial paraît toujours trop grand et subit des variations dues aux différentes positions du Soleil ; tandis que, dans le cas du diamètre polaire, les variations sont beaucoup moindres. Les diamètres mesurés sont en fonction de la position du Soleil. Le calcul montre que l’arc minimum du crépuscule s’élève sur Mars à 10°.

  1. Ce dessin est extrait de Astronomy and Astro-Physics, 1894, p. 740.