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LA PLANÈTE MARS.

ration a paru si extraordinaire qu’on a essayé de lui en substituer d’autres, mais sans y réussir.

On peut partager la surface de la planète en six sections ou six fuseaux, de 60 degrés de longitude chacun. Le plus caractéristique de ces fuseaux est celui qui contient la mer du Sablier, Grande Syrte, tache en Y. Lorsque cette configuration est centrale, avant l’équinoxe d’automne de l’hémisphère nord, la région à l’est se montre distinctement plus verte que la région à l’ouest. À mesure que la saison avance, la différence de couleur est moins prononcée et la teinte verte est confinée à la contrée qui borde la mer du Sablier à l’est. En 1890, les deux bras de l’Y étaient à peu près d’égale largeur, comme sur les dessins de Green. En 1892, le bras oriental est le plus large, deux fois plus que l’autre, peut-être. En 1890, la région entre les deux bras était d’un vert clair ; le 27 juin, toutefois, ou onze jours avant l’équinoxe de printemps de cet hémisphère, une tache jaune brillante apparut au point nord extrême de ce triangle. Cette tache se développa ensuite jusqu’à couvrir tout cet espace. En 1892, cette région se montra d’abord également verte, mais le 9 mai, c’est-à-dire dix-sept jours avant l’équinoxe de printemps, ce vert fit également place à du jaune. Des changements à l’est de la Grande Syrte ont été observés de même par Schiaparelli, qui les attribue à des inondations[1].

Les variations de couleurs sont certaines, mais encore trop peu observées pour pouvoir rien conclure quant à leurs causes.

clii.Changements sur la planète Mars, par M. William H. Pickering[2].

D’Aréquipa, au Pérou, le même astronome écrit, à la date du 1er août, que les changements sur Mars sont si nombreux et si évidents que des lunettes de 6 pouces suffisent pour les constater. Les canaux ont pu être observés régulièrement tous les soirs. Plusieurs concordent avec ceux de Schiaparelli, d’autres non. On en voit qui traversent les « Océans », ce qui est un problème. Lorsque les neiges fondent, il semble qu’il doit réellement exister là des mers, et l’on a étudié spécialement la tache sombre à l’extrémité nord de la Grande Syrte. Elle paraît parfois d’une teinte bleu sombre. Une autre tache de même couleur occupe une partie du Sinus Sabæus.

Ces deux taches se sont montrées, près du limbe, d’une belle couleur bleue. Si ce sont réellement des mers, elles doivent dans ces conditions réfléchir à nos yeux l’atmosphère martienne, comme le ferait l’eau sur la Terre.

  1. Voir t. I, fig. 171.
  2. Astronomy and Astro-Physics, t. I, 1892.