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LOCKYER. — LA VIE SUR MARS.

crues, près des croisements, et ces élargissements se présenteraient aussi logiquement pour le canal latéral correspondant.

La même explication s’applique, me semble-t-il, au dédoublement d’un lac traversé par un canal ; il y a lieu évidemment de prévoir à l’endroit correspondant du canal de décharge un lac destiné à recevoir l’excès d’eau de cette partie.

Si ces hypothèses paraissent hardies, on les excusera en pensant que ce singulier réseau de lignes droites n’est pas encore expliqué et que tout le monde peut chercher — sans avoir la prétention de trouver.

Un Lecteur de La planète Mars, à Cherbourg (1893).

Nous reviendrons sur ce sujet, à propos d’un article de M. Schiaparelli lui-même.

clxx.Lockyer ; Maunder. — La Vie sur Mars.

M. Lockyer, l’habile observateur de Mars auquel la Science doit l’une des plus belles séries d’observations qui aient été faites, dès 1862[1], a publié, dans le journal anglais Nature, une excellente étude sur notre planète.

Rappelant ses observations anciennes, il les résume en montrant que Mars est entouré d’une atmosphère analogue à la nôtre, que sa température n’est pas très différente de la température terrestre, qu’il y a là des continents et des mers, ainsi que des nuages, et que les neiges polaires fondent avec une merveilleuse rapidité lorsque le Soleil du périhélie darde en plein sur elles. M. Lockyer ajoute que les changements observés spécialement dans le ton des taches dépendent des nuages et de la surface, plus ou moins agitée, des eaux.

Cette dernière conclusion est tirée du fait que les taches sombres considérées comme représentant des eaux sont plus ou moins enfermées dans les terres, et que les changements observés sont plus évidents dans le voisinage des rivages. D’autre part, la fonte si rapide des neiges polaires doit être accompagnée d’inondations considérables.

L’astronome anglais ajoute que, selon lui, les « canaux » sont de véritables canaux d’eau, qui varient d’aspect selon la quantité d’eau qui les remplit, depuis l’apparence d’un maigre fleuve, comme l’une des branches des bouches du Nil par exemple, et s’élevant parfois jusqu’à l’aspect de la vallée du Nil remplie par une inondation.

Les dédoublements observés sur certaines mers, comme par exemple la mer Cimmérienne, le lac du Soleil, le Sinus Sabæus, sont causés, d’après l’auteur, par une bande de nuages étendue au-dessus de ces eaux.

M. Lockyer discute aussi l’hypothèse d’une communication possible entre Mars et la Terre. Les journaux anglais viennent, paraît-il, de mettre en présence deux propositions. La première, due à M. Galton, propose de disposer de grands mi-

  1. Voir t. I, p. 150-163.