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LA PLANÈTE MARS.
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Quelques-uns sont d’une immense longueur, plus du quart du méridien, plus de 5 400 kilomètres.

Tous changent de largeur.

Tous, ou presque tous, se dédoublent.

Le lecteur est du reste au courant de tous les faits relatifs à ces étranges formations par la dissertation de M. Schiaparelli publiée plus haut (p. 442 à 458), et il serait superflu d’y revenir.

Ce sont là des faits vraiment bien extraordinaires et auxquels il est difficile d’adapter une même interprétation explicative.

En résumé, il est difficile d’admettre des changements de niveau dans le sol, des mouvements de bascule, de supposer que la surface du globe de Mars est mobile, se soulève et s’abaisse, que les mers peuvent facilement et fréquemment prendre la place des terres et réciproquement. Une telle conclusion est bien difficile à accepter, d’abord parce que nous ne comprenons pas bien une surface planétaire d’une pareille instabilité, ensuite parce que nous retrouvons actuellement des configurations géographiques observées il y a plus de deux siècles. On ne s’imagine pas une planète se gonflant ou dégonflant même partiellement comme une sphère de gaz recouverte d’une mince pellicule. Sans doute, notre propre Terre ressemble de loin à cet état, puisque de siècle en siècle les mers ont pris la place des terres et réciproquement, et que tous les jours sans exception la surface terrestre remue en un point ou un autre. Mais que cette instabilité prenne les proportions indiquées par les phénomènes de Mars, que du jour au lendemain, par exemple, l’Océan arrive à Paris et retourne à Cherbourg, c’est ce qu’il est bien difficile d’admettre, étant donné surtout que l’ensemble de la géographie martienne reste en définitive sensiblement stable.

Examinons d’un peu plus près encore cette curieuse question des canaux de Mars.