Si maintenant nous continuons la comparaison de ce même point par les
observations de 1877, nous constatons une différence encore plus frappante.
À l’aide d’un équatorial de 218mm, de Merz, plus puissant que les deux précédents,
M. Schiaparelli obtient des détails jusqu’alors inconnus. Mais si
nous considérons spécialement et simplement l’aspect dont nous nous occupons
ici, nous ne retrouvons plus du tout le disque rond attaché à un mince
ruban, de l’opposition de 1830, ni les aspects de 1862, mais une vaste traînée
sombre, qui ne se détache pas de la tache supérieure et lui est associée par
une teinte grise intermédiaire. Jamais, au grand jamais, cette configuration
ne pourrait être prise pour un disque circulaire noir mieux approprié que
tout autre, par son isolement et sa netteté, à servir de point normal pour la
mesure de la rotation. De plus, dans les observations de 1830 et dans celles
Fig. 280.
Variations observées sur Mars (baie du Méridien).
de 1862, ce point se relie à une vaste mer triangulaire (la mer du Sablier),
laquelle mer, en 1877, est réduite à presque rien par une langue de terre
qui la pénètre et la détache presque de la mer supérieure. Toute cette contrée,
que M. Schiaparelli a nommée Deucalionis Regio, Mare Erythræum et
Japygie, est donc certainement variable, et avec elle cette tache normale de
Beer et de Mädler, que nous appelons aujourd’hui la baie du Méridien.
Comparons, par exemple, aux dessins précédents, celui du 20 octobre 1877
(p. 295). C’est, du reste ce que nous avons déjà mis en évidence dans notre
Astronomie populaire, en 1879, par la figure comparative (fig. 280) que nous
reproduisons ici et qui résume la variation dont il s’agit.
Tandis qu’en 1830 cette baie du Méridien se détachait nettement en noir d’un fond clair environnant, en 1877 elle se confondait avec les marais adjacents, et si l’on avait dû choisir un point noir, net, circulaire, caractéristique, comme en 1830, pour déterminer la rotation par son déplacement, ce n’est pas du tout ce point que l’on aurait alors choisi, mais le lac circulaire situé à 90 degrés de distance à l’Est aréographique, et qui se détachait, en 1877, comme un disque noir et absolument net.