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LA PLANÈTE MARS.
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Il est fort possible que les années ne se ressemblent pas, sans doute, qu’il y en ait de froides et de chaudes pour chaque hémisphère. De plus, on assiste parfois, du jour au lendemain, à des transformations d’aspects considérables, que l’on peut attribuer à d’énormes chutes de neige. On se souvient des photographies prises par M. Pickering, les 9 et 10 avril 1890 (p. 464), dans lesquelles toutes celles du second jour montrent la tache polaire australe beaucoup plus vaste que celle du premier jour.

Il y a donc des variations météorologiques plus ou moins rapides sur Mars aussi bien qu’ici. Le temps change là comme ici — mais moins.

On le voit, l’ensemble des observations sur les neiges polaires ne nous conduit pas à conclure que l’excentricité de l’orbite ait pour résultat de faire subir aux neiges australes des variations annuelles plus considérables que celle du pôle boréal. Dans tous les cas, la différence est légère.

Très certainement, il fait plus chaud au pôle sud à son solstice d’été qu’au pôle nord à son solstice d’été également, puisque le premier passe alors au périhélie et le second à l’aphélie. La neige polaire australe devrait être plus complètement fondue. Elle l’est, en effet, tout à fait au pôle géographique : mais il reste toujours un résidu de 120 kilomètres de diamètre à 340 kilomètres du pôle, vers 30° de longitude, au milieu de la mer. Il y a probablement là une île, vaste et élevée, sans laquelle, peut-être, la glace fondrait entièrement. Au pôle géographique nord, au contraire, la glace reste centrée à ce point. Mais il n’y a là aucune grande mer.

Les hémisphères austral et boréal de Mars sont d’ailleurs bien différents au point de vue de la distribution des eaux et des mers. Comme sur la Terre, le premier est surtout maritime, le second surtout continental : les mêmes lois géologiques ont sans doute dirigé le relief des deux surfaces planétaires, élevant le sol boréal au-dessus du niveau moyen. Cette différence a un effet climatologique qui n’est pas sans importance. Cet effet est de rendre les saisons et les climats plus tempérés dans le premier, plus extrêmes dans le second, c’est-à-dire d’agir en un sens absolument contraire à celui qui résulterait de l’excentricité et qui, peut-être, le neutralise entièrement. Il faudrait aussi ajouter ici une influence indirecte sur la distribution des températures, celle des courants, maritimes et aériens.

En résumé, les saisons de Mars sont tout à fait comparables aux saisons terrestres, malgré la plus grande distance au Soleil et l’excentricité considérable de l’orbite. Les neiges polaires fondent en été, à chaque pôle, beaucoup plus complètement que les nôtres. Les hivers paraissent moins rudes. L’évaporation et la condensation s’y effectuent plus rapidement qu’ici. Le régime météorologique y semble très tempéré. À l’exception des brumes d’hiver, l’atmosphère y reste presque constamment pure.