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ANCIENNES OBSERVATIONS. — MARALDI.

ils ne sont pas sans exemple dans quelques autres planètes, comme dans le Soleil, dans Jupiter et dans les taches de Mars.

Bien qu’une grande partie de la tache claire ait été sujette aux changements qu’on vient de remarquer, elle subsiste néanmoins depuis près de 60 ans qu’on observe cet astre avec de grandes lunettes, et l’on peut dire que c’est la seule tache qui s’est conservée, quoiqu’avec quelque diversité de grandeur et de clarté, pendant que les autres ont changé de figure, de situation, et même ont disparu entièrement.

C’est ce qui est arrivé aussi à une autre tache claire située proche du pôle septentrional, et qui faisait à l’égard de ce pôle la même apparence que fait la tache située proche du pôle méridional. On l’a vue pendant plusieurs années avec différents degrés de clarté. Elle parut encore assez souvent vers l’opposition de Mars qui arriva en 1704. Ses apparitions furent plus rares pendant l’année 1717, ne l’ayant pu voir qu’une fois ou deux. Et enfin elle n’a point été visible durant l’année 1719, quoiqu’on y ait fait attention pour la voir, ce qui fait connaître qu’elle s’était dissipée entièrement au lieu que celle qui est du côté du pôle méridional a paru pendant la même année 1719 beaucoup plus claire que les années précédentes.

Les taches obscures qui ont paru en divers temps sur Mars ont été aussi sujettes à de grands changements, ayant varié considérablement de figure, de situation et de grandeur. Nous nous contenterons de rapporter seulement ici ceux qui leur sont arrivés dans les deux dernières oppositions, lorsque Mars était plus proche de la Terre.

En 1704, nous observâmes une bande étendue d’Orient en Occident qui occupait un hémisphère de Mars. Elle était située vers le milieu de son disque, et était assez uniforme, hormis une pointe tournée vers le pôle septentrional qu’elle avait au milieu de sa longueur. Durant quelques mois que nous l’observâmes, elle fut sujette aux changements rapportés (voir plus haut, p. 46 et fig. 22). Dans les autres parties de la surface de Mars, il y avait des taches confuses et mal terminées.

Vers l’opposition de l’année 1717, parmi les différentes taches que nous remarquâmes dans Mars, il y avait encore une bande assez bien marquée, mais beaucoup plus étendue d’Orient en Occident que celle de 1704, occupant plus d’un hémisphère, ce que nous avons reconnu par les apparences qu’elle faisait à différentes heures de la même nuit. Elles étaient partout uniformes, au lieu que celle de 1704 avait au milieu une pointe. Outre ces différences dans la figure, il y en avait encore une considérable dans la situation, car celle de 1717 était située entre le centre apparent de Mars et le pôle méridional, plus proche du pôle que du milieu : au lieu que celle de 1704 s’était trouvée fort proche du milieu.

Depuis le mois de juin jusqu’au commencement de septembre, nous la vîmes disparaître trois fois sur le bord oriental, ayant passé dans l’hémisphère supérieur qui nous était caché ; elle est retournée autant de fois dans l’hémisphère inférieur aux mêmes heures du jour, et dans la même situation, Mars ayant fait dans cet