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ANCIENNES OBSERVATIONS. — MARALDI.

XVII. 1719. — Maraldi[1].

Pendant l’automne de l’année 1719, La situation de la planète se présenta de nouveau d’une manière particulièrement favorable pour les observations.

Lorsque la planète arriva en opposition, le 27 août de cette année, elle n’était qu’à 2° 30′ de distance du périhélie et, en raison de son rapprochement de la Terre, elle brillait d’un éclat si extraordinaire qu’un grand nombre de personnes virent en elle une nouvelle étoile ou une comète inattendue. Le 19 août, Maraldi, avant observé la planète, avec une lunette de 34 pieds de longueur, remarqua sur le disque deux bandes foncées formant l’une avec l’autre un angle obtus, ce qui présentait une particularité très digne de remarque. Le 25 septembre, il observa de nouveau la planète et remarqua que le tracé angulaire dont nous venons de parler occupait la même position sur le disque. Pendant l’intervalle de 37 jours qui s’étaient écoulés entre les deux observations, la planète avait par conséquent effectué 36 rotations sur son axe, ce qui donna 24h 40m pour la période, résultat en parfait accord avec celui de Cassini.

L’observateur conclut, comme en 1704, la variabilité des taches.

Voici du reste le mémoire de Maraldi, daté du 29 mai 1720 :

Sur la fin d’août de l’année 1719, la planète de Mars s’est trouvée plus proche de la Terre qu’elle n’en avait été depuis longtemps.

Comme cette situation était des plus avantageuses pour la recherche de la parallaxe de cette planète, et pour l’observation de ses taches qui ne peuvent se bien distinguer que dans les oppositions les plus proches de la Terre, nous en avons profité autant que le ciel nous l’a permis.

En observant Mars avec la lunette de 34 pieds, nous avons remarqué des taches différentes, qui, par la révolution autour de son axe, ont paru en divers temps dans la partie de son disque exposée à la Terre. Parmi ces taches, il y avait une bande obscure un peu large qui n’occupait qu’environ la moitié de l’hémisphère de Mars. Elle n’était pas perpendiculaire à l’axe de sa révolution, comme le sont pour l’ordinaire la plupart des bandes de Jupiter ; mais elle en était fort inclinée, en sorte que quand elle se trouvait tout entière dans l’hémisphère exposé à la Terre, l’extrémité terminée par le bord oriental était entre le pôle septentrional et son équinoxial et l’autre extrémité terminée par le bord occidental tombait assez proche du pôle méridional. Vers l’extrémité orientale de la bande, il s’y en joignait une autre inclinée à la première, qui faisait à cette jonction un angle, avec une pointe assez sensible, l’autre extrémité de la bande étant dirigée vers le pôle méridional (fig. B).

  1. Nouvelles observations de Mars. Histoire et Mémoires de l’Académie des Sciences, année 1720, p. 144.