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WILLIAM H. PICKERING. — OBSERVATIONS.

Ces aspects sont si évidents sur chacune des quatorze photographies, qu’il suffit de les voir pour mettre sur chacune d’elles la date à laquelle elle a été faite. Nous en avons reproduit deux (fig. 237), du mieux qui nous a été possible, par la photogravure, mais on n’a pu obtenir l’aspect délicat des clichés. Ces photographies ont été prises à l’équatorial de 13 pouces.

M. William H. Pickering avait déjà réussi de satisfaisantes photographies de Jupiter et Saturne. Sur Jupiter on distingue admirablement les détails des bandes ; sur Saturne on reconnaît l’anneau sombre, la division de Cassini sur les anses, et les bandes de la planète.

Le savant astronome s’est occupé aussi de l’observation directe de la surface de Mars, à l’aide d’un réfracteur de 12 pouces.

L’observateur a reconnu une partie des configurations signalées par M. Schiaparelli ; mais il proteste contre le nom de canaux donné à ces tracés rectilignes, car, dit-il, « il n’y a pas la moindre probabilité à supposer que ce soit là de l’eau. » M. Pickering toutefois ne donne pas son opinion sur ce que cela pourrait être.

Le plus facile à voir de tous ces canaux, dit-il, est la passe de Nasmyth, que nos lecteurs connaissent par les cartes, qui prolonge en bas, par un retour presque à angle droit, la mer du Sablier et à laquelle l’astronome de Milan a donné les noms de Protonilus, Ismenius lacus, Deuteronilus et Jordanis. On a également revu facilement Boreosyrtis et Astapus. À ces trois exceptions près, les autres canaux ont été d’une découverte très difficile, et l’auteur attribue ces difficultés à l’emploi de grossissements trop forts et à son manque d’exercice en ce genre spécial d’observations. Lorsqu’il fut accoutumé à l’examen de Mars, il reconnut sans difficulté les canaux qui ont reçu les noms de Styx, Fretum Anian, Hyblæus, Cerberus, Eunostos, Hephæstus, Alcyonus, Cyclops, Læstrygon. Ils ont tous été découverts sans se servir de la carte, et dessinés plusieurs fois. L’astronome de Cambridge n’a pas pu constater leur dédoublement ni découvrir les plus faibles, mais il exprime la plus haute admiration pour la vue de celui qui a pu faire cette découverte à l’aide d’un télescope de 8 pouces. Il pense que tout observateur exercé peut trouver les principaux à l’aide d’une lunette de 10 ou 12 pouces d’ouverture et que, sauf des circonstances exceptionnelles, le grossissement employé ne doit pas dépasser 100 ou 200.

Eu résumé, les observations de M. W. H. Pickering confirment celles de M. Schiaparelli, quant à l’existence de ces lignes énigmatiques.