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ANCIENNES OBSERVATIONS. — MARALDI.

savons-nous si Mars n’a pas un grand nombre de ces oiseaux, qui, dès que la nuit est venue, se dispersent de tous côtés et vont répandre un nouveau jour ? »

C’est charmant. Si Fontenelle n’avance pas l’étude technique que nous faisons en ce moment, du moins nous y intéresse-t-il et nous convie-t-il à aller plus loin.

Les deux satellites de Mars ont été découverts 191 ans plus tard.

Le dix-septième siècle se couche quelques années après la divulgation du livre de Fontenelle, qui marque une ère nouvelle dans l’histoire de la littérature scientifique ou, pour mieux dire, qui ouvre cette ère. Le dix-huitième siècle s’ouvre au point de vue du sujet qui nous occupe ici par les recherches de Maraldi (neveu de Cassini) à l’Observatoire de Paris.

XVI. 1704. — Maraldi[1]

La planète était passée en 1672 en une opposition périhélique très favorable, que l’on avait appliquée avec succès à la détermination de la parallaxe de Mars. En septembre et octobre 1704, elle revint à une situation presque aussi rapprochée de la Terre. On l’observa spécialement à l’Observatoire de Paris pour une nouvelle détermination de sa parallaxe, et Maraldi utilisa cette circonstance pour observer les taches et vérifier le mouvement de rotation. Sa conclusion est que ces taches sont variables. Voici du reste son mémoire, auquel nous adjoignons les trois dessins qui l’accompagnent.

Dans les mêmes circonstances de la plus petite distance de Mars à la Terre, nous avons observé avec une lunette de 34 pieds de Campani les taches de Mars, qui nous ont servi à vérifier la révolution autour de son axe, qui, suivant la découverte de M. Cassini, est d’environ 24h 40m.

Les taches que l’on voit avec de grandes lunettes sur le disque de cette planète ne sont pas pour l’ordinaire trop bien terminées, et elles changent souvent de figure, non seulement d’une opposition à l’autre, qui est le temps le plus propre pour ces observations, mais aussi d’un mois à l’autre. Nonobstant ces changements, il ne laisse pas d’y avoir des taches d’une assez longue durée pour pouvoir être observées pendant un espace de temps suffisant à déterminer leurs révolutions.

Parmi ces différentes taches, nous en avons remarqué une en forme de bande vers le milieu du disque, à peu près comme une des bandes de Jupiter. Elle n’environnait pas tout le globe de Mars, mais elle était interrompue, comme il arrive quelquefois aux bandes de Jupiter (fig. 1), et occupait seulement un peu plus d’un

  1. Observations des taches de Mars pour vérifier sa révolution autour de son axe. Histoire et Mémoires de l’Académie des Sciences. Année 1706, p. 74.