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LA PLANÈTE MARS.
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dance bien marquée avec les cartes de Green, Schiaparelli, Flammarion, Knobel, etc. Je les ai aussi comparés avec les vues données dans l’Aréographie de Terby et avec les dessins de Bœddicker obtenus en 1881 et 1884 à l’aide du télescope de trois pieds (0m,915), de lord Rosse (voy. plus haut p. 364 et 382). Cette comparaison m’a encore fourni une nouvelle confirmation de mon travail. Quelques discordances sont plus fortes que celles qu’on s’attendrait à rencontrer comme probables ; mais l’expérience nous a appris qu’il serait illusoire d’espérer l’uniformité dans la représentation des détails planétaires.

» Pendant les cinq semaines qu’ont duré mes observations, je n’ai trouvé aucune preuve certaine d’un changement quelconque dans aucune des taches ; mais la période a été trop limitée, et les circonstances dans lesquelles s’est effectué le travail ont été trop défavorables pour que je puisse me prononcer avec certitude sur ce point. Les légères différences que présentent mes dessins sont simplement du même ordre que celles qui seraient causées par des changements dans les conditions atmosphériques locales. Pendant une mauvaise nuit, des marques très faibles, distinguées auparavant, se sont effacées, tandis que pendant les meilleures nuits j’ai vu des détails délicats qu’il était impossible de soupçonner dans des circonstances moins favorables. Je suis convaincu que de pareils changements dans les conditions de la vision exercent une influence considérable sur la configuration apparente de la planète, plus considérable même que les observateurs ne l’admettent généralement. On a quelquefois conclu trop hâtivement à des changements réels ; de véritables modifications ne peuvent être affirmées qu’à la suite d’un examen scrupuleux et sur la foi de preuves indiscutables.

» La plupart des mers les mieux définies présentent des bords extérieurs très brillants avec des limites très nettes. Ces bordures brillantes rappellent les aires lumineuses qui souvent, sur Jupiter, confinent aux taches sombres ; seulement, sur Mars, elles sont plus étendues, plus permanentes, et aussi de formes plus dissemblables. Je dois citer, comme un cas particulier de ces bords brillants, la région qui longe la rive orientale de la mer du Sablier. Je l’ai vue quelquefois si lumineuse qu’elle rivalisait d’éclat avec la tache blanche du pôle nord. Elle s’étend sur plusieurs degrés à l’est du contour obscur de la mer, et se trouve limitée par une tache faible, irrégulièrement condensée, qui se prolonge vers le Nord en s’inclinant à l’Est, à partir d’un point de longitude 290°, immédiatement à l’est de l’extrémité boréale de la mer du Sablier (voy. fig. 205, II et III). Cette traînée est fort longue : elle s’étend jusqu’au-dessous de la baie du Méridien et de la baie Burton auxquelles elle se relie par de légers ligaments qui rappellent les canaux de Schiaparelli (voy. fig. 205, IV). Cette tache spéciale, qui ne figure pas sur la carte de Green, est peut-être identique avec le réseau d’étroites bandes sombres dessiné dans cette région par Schiaparelli sur sa carte[1]. On la trouve aussi plus ou moins nettement définie dans quelques autres dessins, notamment dans un dessin de Schmidt.

  1. Voy. plus loin, p. 393. Comparer les dessins de M. Denning, I, II et IV (fig. 205), à la région HACGK et baie du Méridien 0°.