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LA PLANÈTE MARS.

anni 16665/6[1]. Nous constatons que ce mémoire a été traduit textuellement dans le Journal des Savants du 23 août suivant, et nous donnons ici cette traduction du temps, qui ne manque pas de parfum pour les bibliographes. Les observations ont été faites à l’aide d’un télescope de 36 pieds ; nous reproduisons les dessins, non d’après la copie réduite qu’en donna le Journal des Savants, mais d’après les originaux eux-mêmes, publiés dans les Philosophical Transactions. Voici cet exposé :

M. Hooke, ayant observé les taches de Mars et leur mouvement avec une lunette de 36 pieds, en a écrit le 29 mars à la Société Royale d’Angleterre en ces termes :

« Ayant une grande passion d’observer le corps de Mars durant qu’il serait achronique et rétrograde, parce que j’avais ci-devant remarqué avec une lunette d’environ 14 pieds quelques espèces de taches dans sa face, quoique à présent il ne soit point dans le périhélie de son orbe, mais proche de son aphélie, néanmoins j’ai trouvé avec un oculaire qu’une lunette de 36 pieds dont je me servais porte fort bien, que sa face, quand il était proche de son opposition au Soleil, paraissait quasi aussi grande que celle de la Lune paraît quand on la regarde sans lunette, ce que je remarquai en le comparant avec la Pleine Lune qui était tout auprès de lui le 10 du mois de mars.

« Mais la disposition de l’air a été telle pendant quelques nuits que de plus de vingt observations que j’en ai faites depuis qu’il est rétrograde, je n’ai pu être satisfait d’aucune, quoique je crusse souvent voir des taches, car les veines inflectives de l’air, s’il est permis d’appeler ainsi ces parties qui étant espacées çà et là en haut et en bas, peuvent causer une plus grande ou une plus petite réfraction que ne fait l’air contigu avec lequel elles sont mêlées, rendaient la chose si confuse que je n’en pouvais rien conclure de certain.

« Le 3 du mois de mars, quoique l’air ne fût pas fort commode, je ne laissai pas de remarquer que le corps de Mars paraissait comme la fig. A (voy. fig. 15), laquelle je dessinai suffisamment et, environ 10 minutes après, je dessinai avec toute l’exactitude imaginable ce que je voyais avec la lunette, comme il est représenté dans la fig. B, et je fus alors entièrement persuadé, après avoir mis mon œil en diverses positions, que ce que je voyais ne pouvait être autre chose que des taches et des parties plus obscures que les autres dans la face de cette planète.

« Le 10 mars, trouvant l’air fort mal disposé, je me servis d’un oculaire plus faible, ne voyant rien avec un oculaire plus fort, et le corps de Mars me parut tel qu’il est représenté dans la fig. C (voy. fig. 16), mais je crus que ce pouvait être la même représentation des taches précédentes, regardées avec un oculaire plus faible. Le même matin, sur les 3 heures, l’air étant fort incommode (quoiqu’il fît très clair en apparence, qu’on vît toutes les étoiles briller, et que les plus petites

  1. Philosophical Transactions, giving some accompt of the present undertaking studies… of the world. Vol. 1, 1665-1666, p. 239.