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WEBB. — LA PLANÈTE MARS.
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CVII. 1881. — Webb. La planète Mars[1].

Cet observateur soigneux et écrivain distingué, avec lequel nous avons déjà fait connaissance (1856, p. 130 ; 1873, p. 222), et que la Science a eu la douleur de perdre il y a quelques années, a consacré un chapitre de son excellent Traité à la planète dont nous écrivons l’histoire. Ce chapitre est illustré de la carte de Burton et Dreyer, publiée plus haut (1879, p. 317). Il remarque entre autres l’analogie de ce monde voisin avec celui que nous habitons et le considère, sans une trop grande témérité, comme habitable par la race humaine. Pour lui, les taches sombres sont teintées d’un gris bleu et représentent des mers, les régions claires et jaunâtres représentent des continents. La proportion de terres étant relativement plus grande que sur notre globe, « l’aire habitable peut être beaucoup plus étendue que le diamètre ne le ferait supposer ». Les mers paraissent en communication les unes avec les autres par d’étroits canaux, dont l’observation pourtant est si difficile que l’on ne peut encore rien affirmer de certain à leur égard. Peut-être sont-ce seulement les bords de régions faiblement teintées. Les cartes de Mars ne doivent être considérées que comme approximatives et provisoires, Les neiges polaires sont très éclatantes et varient avec les saisons. Parmi les observations curieuses, Webb en cite une de Ward, du 22 décembre 1879, dans laquelle le lac circulaire (mer Terby) se montrait aussi noir et aussi nettement défini que l’ombre des satellites de Jupiter, quoique la définition générale de la planète fût, à cette heure-là, très mauvaise. Quant aux variations de tons foncés ou clairs observés, l’auteur pense que les nuages vus de l’extérieur doivent toujours réfléchir une lumière plus vive que les terres ou les eaux. C’est là une question fort importante et assez épineuse pour l’explication des variations observées. Il semble bien, sans doute, que des nuages vus d’en haut, éclairés par le Soleil, doivent toujours paraître blancs, et nous les avons toujours vus ainsi en ballon. Cependant, ne pourrait-on imaginer des brouillards composés de particules sombres ? La fumée de certains charbons de terre ne donne-t-elle pas naissance à des flocons gris, parfois presque noirs ?

CVIII. 1881-82. — Schiaparelli. Observations et dessins.

L’habile astronome de Milan a continué pendant cette opposition la série de ses étonnantes découvertes, et cette fois il passa de merveille en merveille, comme nous allons le voir.

  1. Celestial objects for common telescopes. Fourth edition. London, 1881.